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qui aigrit leur fanatisme. M. Baudin est prêt, au premier avis, à se réfugier à Zarklé.

Les Arabes du grand désert et ceux de Palmyre sont en foule dans la ville, et circulent dans le bazar : ils n’ont pour vêtement qu’une large couverture de laine blanche, dont ils se drapent à la manière des statues antiques. Leur teint est hâlé, leur barbe noire ; leurs yeux sont féroces. Ils forment des groupes devant les boutiques des marchands de tabac, et devant les selliers et les armuriers. Leurs chevaux, toujours sellés et bridés, sont entravés dans les rues et sur les places. Ils méprisent les Égyptiens et les Turcs ; mais, en cas de soulèvement, ils marcheraient contre les troupes d’Ibrahim. Celui-ci n’a pu les repousser que jusqu’à une journée de Damas ; il a marché lui-même avec de l’artillerie contre eux, à son passage dans cette ville. Ils sont maintenant ses ennemis. Je parlerai plus au long de ces populations inconnues du grand désert de l’Euphrate.

Chaque genre de commerce et d’industrie a son quartier à part dans les bazars. Là, sont les armuriers, dont les boutiques sont loin d’offrir les armes magnifiques et renommées que Damas livrait jadis au commerce du Levant. Ces fabriques de sabres admirables, si elles ont jamais existé à Damas, sont complétement tombées en oubli : on n’y fabrique que des sabres d’une trempe commune, et l’on ne voit chez les armuriers que de vieilles armes presque sans prix. J’y ai vainement cherché un sabre et un poignard de l’ancienne trempe. Ces sabres viennent maintenant du Korassan, province de Perse, et même là on ne les fabrique plus. Il en existe un certain nombre qui passent de mains en