Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/305

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une faible lanterne, et nous descendons, précédés des pères, jusqu’à un long labyrinthe de corridors souterrains qu’il faut parcourir pour arriver à la grotte sacrée. Ces souterrains sont peuplés de tombeaux et de souvenirs : ici le tombeau de saint Jérôme, là celui de sainte Paule, de sainte Eustochie, le Puits des Innocents ; mais rien ne peut arrêter notre attention dans ce moment. La lumière éblouissante de trente à quarante lampes, sous une petite voûte au fond du passage, nous montre l’autel construit sur l’emplacement de la nativité, et, deux pas plus bas, à droite, celui de la Crèche : ces grottes naturelles sont en partie revêtues de marbre pour les soustraire à la piété indiscrète des pèlerins, qui en déchiraient les parois pour emporter des fragments ; mais on peut encore toucher le roc nu, derrière les dalles de marbre dont on l’a recouvert, et le souterrain en général a conservé l’irrégularité de sa forme primitive ; les ornements n’ont point ici, comme dans quelques-uns des lieux saints, altéré la nature au point de faire naître des doutes sur l’identité des lieux ; ici ils ne servent qu’à préserver l’enceinte naturelle : aussi, en passant sous ces voûtes et ces enfoncements dans le roc, l’on comprend sans peine qu’ils ont dû servir d’étables aux troupeaux que les bergers gardaient dans la plaine couverte encore aujourd’hui de vertes prairies, s’étendant au loin sous la plate-forme de rocher que couronnent l’église et le couvent, comme une citadelle ; l’issue extérieure des souterrains qui communiquait avec la prairie a été fermée, mais, quelques pas plus loin, on peut visiter une autre caverne du même genre, et qui devait avoir la même destination. Nous assistons à la messe.

» La disposition d’âme dans laquelle je me trouvais mal-