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2 novembre 1832, campé auprès de la piscine de Salomon, sous les murs de Jérusalem.


Nous voulions consacrer une journée à la prière dans ce lieu vers lequel tous les chrétiens se tournent en priant, comme les mahométans se tournent vers la Mecque. Nous engageâmes le religieux qui seul faisait les fonctions de curé à Jérusalem à célébrer pour nos parents vivants et morts, pour nos amis de tous les temps et de tous les lieux, pour nous-mêmes enfin, la commémoration du grand et douloureux sacrifice qui avait arrosé cette terre du sang du Juste, pour y faire germer la charité et l’espérance : nous y assistâmes tous dans les sentiments que nos souvenirs, nos douleurs, nos pertes, nos désirs et nos mesures diverses de piété et de croyance nous inspiraient à chacun. Nous choisîmes pour temple et pour autel la grotte de Gethsemani, dans le creux de la vallée de Josaphat ; c’est dans cette caverne du pied du mont des Olives que le Christ se retirait, suivant les traditions, pour échapper quelquefois à la persécution de ses ennemis et à l’importunité de ses disciples ; c’est là qu’il s’entretenait avec ses pensées célestes, et qu’il demandait à son Père que le calice trop amer qu’il avait rempli lui-même, comme nous remplissons tous le nôtre, passât loin de ses lèvres ; c’est là qu’il dit à ses trois amis, la veille de sa mort, de rester à l’écart et de ne pas s’endormir, et qu’il fut obligé de les réveiller trois fois, tant le zèle de la charité humaine est prompt à s’assoupir ; c’est là enfin