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21, 22 et 23 mai 1833.


Débarquement des deux bricks. — Repos, visites reçues des principaux négociants de Péra. — Jours passés dans le charme et l’intimité de M. Truqui et de sa société. — Courses dans Constantinople. — Vue générale de la ville. — Visite à l’ambassadeur à Thérapia.




23 mai 1833.


Quand on a quitté tout à coup la scène changeante, orageuse, de la mer, la cabine obscure et mobile d’un brick, le roulis fatigant de la vague ; qu’on se sent le pied ferme sur une terre amie, entouré d’hommes, de livres, de toutes les aisances de la vie ; qu’on a devant soi des campagnes, des bois à parcourir, toute l’existence terrestre à reprendre après une longue déshabitude, on sent un plaisir instinctif et tout physique, dont on ne peut se lasser ; une terre quelconque, même la plus sauvage, même la plus éloignée, est comme une patrie qu’on a retrouvée. J’ai éprouvé cela vingt fois en débarquant, même pour quelques heures, sur une côte in-