Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/38

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taché du roc primitif qui lui sert de base. Il a environ trente pieds d’élévation, et vingt de large sur toutes ses faces. Je le dis au hasard, car je ne mesure rien : la toise ne sert qu’à l’architecte. La forme est une base carrée avec une porte grecque au milieu, corniche corinthienne, portant pyramide au sommet. Nul caractère romain ni grec. — Apparence grave, bizarre, monumentale et neuve, comme les monuments égyptiens.

Les Juifs n’eurent pas d’architecture propre. Ils empruntèrent à l’Égypte, à la Grèce, mais, je crois, surtout aux Indes : la clef de tout est aux Indes ; la génération des pensées et des arts me semble remonter là. Elles ont enfanté l’Assyrie, la Chaldée, la Mésopotamie, la Syrie, les grandes villes du désert, comme Balbek ; puis l’Égypte, puis les îles, comme Crète et Chypre ; puis l’Étrurie, puis Rome ; puis la nuit est venue, et le christianisme, couvé d’abord par la philosophie platonicienne, ensuite par la barbare ignorance du moyen âge, a enfanté notre civilisation et nos arts modernes. Nous sommes jeunes, et nous passons à peine l’âge de la virilité. Un monde nouveau dans la pensée, dans les formes sociales et dans les arts, sortira, probablement avant peu de siècles, de la grande ruine du moyen âge à laquelle nous assistons. On sent que le monde moral porte son fruit, dont l’enfantement se fera dans les convulsions et la douleur ; la parole écrite et multipliée par la presse, en portant la discussion, la critique et l’examen sur tout, en appelant la lumière de toutes les intelligences sur chaque point de fait ou de contestation dans le monde, amène invinciblement l’âge de raison pour l’humanité. La révélation à tous par tous. — La réverbération de la lumière