Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/413

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pour les Francs, un Franc obligeant et aimable. Il m’a recherché ici, et offert tout ce que sa familiarité au divan et au sérail pouvait lui procurer pour moi : accès partout, amitié de quelques principaux officiers de la cour, facilités pour tout voir et tout connaître, qu’aucun voyageur chrétien n’a jamais pu obtenir, pas même les ambassadeurs. J’ai préparé avec son assistance une visite complète du sérail, où personne n’a pénétré depuis lady Worthley Montagu. Nous essayerons demain de parcourir ensemble ce mystérieux séjour, qu’il ne connaît pas lui-même, mais où il a des intelligences dans les premiers officiers du palais.

Nous commençâmes par rendre visite à Namuk-Pacha, un des jeunes favoris du Grand Seigneur, qui m’avait invité à un déjeuner à sa caserne de Scutari, et qui avait mis ses chevaux à ma disposition pour visiter les montagnes d’Asie. Namuk-Pacha était ce jour-là de service au palais du sultan, à Beglierbeg, sur les rives du Bosphore. Nous allâmes y débarquer. Grâce au grade et à la faveur de Rustem-Bey, on nous laissa franchir les portes et examiner les alentours de la demeure du Grand Seigneur. Le sultan se disposait à se rendre à une petite mosquée d’un village d’Europe, de l’autre côté du Bosphore, en face de Beglierbeg. Ses caïques, superbement équipés, étaient amarrés le long du quai qui borde le palais, et ses chevaux arabes de toute beauté étaient tenus prêts dans les cours par des saïs, pour que le sultan les montât en traversant ses jardins. Nous entrâmes dans une aile du palais, séparée du corps de logis principal, et où se tiennent les pachas, les officiers de service et l’état-major du palais. Nous traversâmes de vastes salles où circulaient une foule de militaires, d’employés et d’esclaves.