Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/441

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Juillet.


J’ai dîné aujourd’hui chez le baron de Sturmer avec le prince royal de Bavière, qui revient de Grèce et s’arrête quelques jours à Constantinople. Ce jeune prince, avide d’instruction, et ayant le bon esprit d’oublier en apparence le trône qui l’attend, recherche l’entretien des hommes qui n’ont pas intérêt à le flatter, et se forme en les écoutant. Il cause à merveille lui-même. « Le roi mon frère, m’a-t-il dit, hésite encore sur le choix de sa capitale. Je désire avoir votre avis. — La capitale de la Grèce, lui ai-je répondu, est donnée par la nature même de l’événement qui a reconstitué la Grèce. La Grèce est une résurrection. Quand on ressuscite, il faut renaître avec sa forme et son nom, avec son individualité complète. Athènes avec ses ruines et ses souvenirs est le signe de reconnaissance de la Grèce. Il faut qu’elle renaisse à Athènes, ou elle ne sera plus que ce qu’elle est aujourd’hui, — une pauvre peuplade disséminée sur les rochers du Péloponèse et des îles. »