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étrangeté d’attitudes et un son perlé et vibrant de la voix, qui font de la jeune Syrienne la houri du paradis des yeux.

Ces beautés admirables et variées sont aussi extrêmement communes ; je ne marche jamais une heure dans la campagne sans en rencontrer plusieurs allant aux fontaines ou revenant avec leurs urnes étrusques sur l’épaule, et leurs jambes nues entourées de bracelets d’argent ; les hommes et les jeunes garçons vont le dimanche s’asseoir, pour tout délassement, sur des nattes étendues au pied de quelque grand sycomore, non loin d’une fontaine ; ils restent là immobiles tout le jour, à conter des histoires merveilleuses, buvant de temps en temps une tasse de café ou une tasse d’eau fraîche ; les autres vont sur le haut des collines, et vous les voyez là paisiblement groupés sous leurs vignes ou leurs oliviers, paraissant jouir avec délices de la vue de la mer que ces coteaux dominent, de la limpidité du ciel, du chant des oiseaux, et de toutes ces voluptés instinctives de l’homme pur et simple, que nos populations ont perdues pour l’ivresse bruyante du cabaret ou les fumées de l’orgie. Jamais plus belles scènes de la création ne furent peuplées et animées de plus pures et plus belles impressions ; la nature ici est véritablement un hymne perpétuel à la bonté du Créateur, et aucun ton faux, aucun spectacle de misère ou de vice, ne trouble, pour l’étranger, la ravissante harmonie de cet hymne : — hommes, femmes, oiseaux, animaux, arbres, montagnes, mer, ciel, climat, tout est beau, tout est pur, tout est splendide et religieux.