Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/77

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nous commençâmes à monter par de petits chemins plus étroits et plus escarpés qui arrivent tous à des plateaux successifs, d’où l’horizon de la campagne, de la mer et du Liban, se découvre successivement davantage. Ces plateaux, d’une médiocre largeur, sont tous entourés d’arbres forestiers inconnus à nos climats, et dont j’ignore malheureusement la nomenclature ; mais leur tronc, le port de leurs branches, les formes neuves et étranges de leurs cimes coniques, échevelées, pyramidales, ou s’étendant comme des ailes, donnent à cette bordure de végétation une grâce et une nouveauté d’aspect qui signalent assez l’Asie. Leurs feuillages aussi ont toutes les formes et toutes les teintes, depuis la noire verdure du cyprès jusqu’au vert gris de l’olivier, jusqu’au jaune du citronnier et de l’oranger ; depuis les larges feuilles du mûrier de la Chine, dont chacune suffirait pour cacher le soleil au front d’un enfant, jusqu’aux légères découpures de l’arbre à thé, du grenadier, et d’autres innombrables arbustes dont les feuilles ressemblent aux feuilles du persil, et jettent comme de légères draperies de dentelles végétales entre l’horizon et vous. Le long de ces lisières de bois règne une lisière de verdure qui se couvre de fleurs à leur ombre. L’intérieur des plateaux est semé d’orge, et, à un angle quelconque, deux ou trois têtes de palmiers, ou le dôme sombre et arrondi du caroubier colossal, indiquent la place où un cultivateur arabe a bâti sa cabane, entourée de quelques plants de vignes, d’un fossé défendu par des palissades vertes de figuiers d’Inde couverts de leurs fruits épineux, et d’un petit jardin d’orangers semé d’œillets et de giroflées pour l’ornement des cheveux de ses filles. Quand par hasard le sentier nous conduisait à la porte de ces maisons enfoncées, comme des nids humains, dans