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de nos contrées leur sont inconnus. Après avoir assisté à leur dîner, et mangé nous-même un morceau de galette et bu un verre d’excellent vin du Liban que le supérieur nous fit apporter, nous visitâmes quelques-unes des cellules : elles sont toutes semblables. Une petite chambre de cinq ou six pieds carrés, avec une natte de jonc et un tapis : voilà tous les meubles ; quelques images de saints clouées contre la muraille, une Bible arabe, quelques manuscrits syriaques : voilà toute la décoration. Une longue galerie intérieure, couverte en chaume, sert d’avenue à toutes ces chambres.

La vue dont on jouit des fenêtres du monastère, et de presque tous ces monastères, est admirable : les premières pentes du Liban sous le regard, la plaine et le fleuve de Bayruth, les dômes aériens des forêts de pins, tranchant sur l’horizon rouge du désert de sable ; puis la mer encadrée partout dans ses caps, ses golfes, ses anses, ses rochers, avec les voiles blanches qui la traversent en tous sens : voilà l’horizon sans cesse sous les yeux de ces moines. Ils nous firent plusieurs présents de fruits secs et d’outres de vin qui furent chargés sur des ânes, et nous les quittâmes pour revenir par un autre chemin à Bayruth. Je parlerai d’eux plus tard.

Nous descendîmes par des degrés escarpés, taillés dans les blocs détachés d’un grès jaune et tendre qui couvre tous les premiers plans du Liban. Le sentier circule à travers ces blocs ; dans les interstices du rocher, quelques arbustes et quelques herbes s’enracinent. Il y a des fleurs admirables, pareilles aux tulipes de nos jardins, mais infiniment plus larges. Nous fîmes lever plusieurs gazelles et quelques cha-