Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/399

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Hadifah devint furieux. Il se frappait la poitrine en répétant : « Tribu de Fazarah ! aux armes ! aux armes ! aux armes ! » Et tous les insensés de s’approcher de nouveau de Hadifah, et de l’engager à déclarer la guerre aux Absiens et à se venger d’eux. « Ô mes parents, reprit bientôt Hadifah, qu’aucun de nous ne repose cette nuit que tout armé ! » Ce qui eut lieu.

À la pointe du jour Hadifah était à cheval ; les guerriers étaient prêts, et on ne laissa dans les tentes que les enfants et ceux qui n’étaient pas en état de combattre.

De son côté, Cais, après avoir tué Abou-Firacah, pensa bien que les Fazaréens viendraient l’attaquer, lui et ses guerriers ; il se prépara donc au combat. Ce fut Antar qui se chargea de toutes les précautions à prendre en ce cas. Il ne laissa donc dans les tentes que les femmes, les enfants et tous ceux qui ne pouvaient porter l’épée ; puis il se mit à la tête des héros de Carad. Rien n’était plus resplendissant que n’étaient les Absiens couverts de leurs cottes de mailles et de leurs armures luisantes. Ces apprêts furent un terrible moment pour les deux partis. Ils marchaient l’un contre l’autre ; et le soleil paraissait à peine, que les cimeterres étincelaient et que toute la contrée était en émoi.

Antar était impatient de se jeter en avant, et de soulager son cœur en combattant ; mais voilà que Hadifah, vêtu d’une robe noire, s’avance, le cœur brisé de la mort de son fils. « Fils de Zohéir, cria-t-il à Cais, c’est une vilaine action que d’avoir tué un enfant ; mais il est bien de se présenter au combat pour décider, par ses lances, qui mérite le com-