Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/129

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mère. Elle rendait tous les services qu’une bonne servante ou une forte ouvrière auraient rendus à la hutte pour un gage. Mais bah ! il aurait bien fallu lui parler d’un gage ! Quand ma mère lui en parlait quelquefois : « N’est-ce pas un bon gage que votre amitié ? lui répondait la jeune orpheline. Qui est-ce donc qui m’a donné un abri, une mère et deux frères dans la montagne ? N’est-ce pas un gage que la place à votre feu et l’écuelle à votre table, sans parler des soins que vous avez eus de moi avant que je fusse assez grande pour me rendre serviable chez vous ? » — Et, si ma mère insistait, elle s’en allait pleurer, la tête dans son tablier, derrière le buisson du jardin. Alors ma mère et Gratien allaient la consoler et lui disaient : Allons, fais donc comme le cœur te dit, Denise ! et, puisque tu veux perdre ta jeunesse et rester avec de pauvres gens comme nous, eh bien, reste. Et on n’en parlait plus pour cette fois.

VIII.

C’est que, depuis trois ou quatre ans, elle était devenue le plus beau brin de fille de toute la mon-