Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/212

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C’est comme cela que j’ai mis sept ans à faire mon tour de France, prenant toujours un chemin qui me menait plus loin toutes les fois que j’étais tenté, par le mal du pays, de revoir la montagne et la vallée de Saint-Point.

V.

— Mais qu’est-ce qui vous consolait dans votre éloignement, dans votre isolement et dans vos peines ? dis-je à Claude. Vous aviez donc des nouvelles de votre mère et de Denise ? Vous leur écriviez donc ? Vous aviez donc un ami avec qui vous parliez des Huttes, de votre enfance, de votre amour, de votre malheur ?

— Non, monsieur ; personne ne m’écrivait et je n’écrivais à personne, parce que nous ne savions ni lire ni écrire dans la famille. Je ne parlais jamais ni d’elle ni de moi ; on ne savait seulement pas de quelle montagne je venais. J’étais de bonne grâce avec tous les camarades, sans avoir d’attachement particulier avec aucun, excepté qu’il ne fût tombé de l’échelle ou qu’il ne se fût cassé un membre