Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/227

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nous faisons ce qu’il nous inspire en le priant. Demander et recevoir, est-ce que ce n’est pas tout l’homme, monsieur ? Pourquoi donc, nous qui demandons tout a ceux qui ont si peu à donner, ne demanderions-nous pas sans cesse à celui qui a tout ? Je sais bien qu’on dit : Mais toute volonté du bon Dieu est éternelle et immuable comme lui-même ; donc c’est inutile de chercher à la changer par la prière. Mais moi, je pense qu’il a prévu de toute éternité que nous lui demanderions par la prière telle ou telle grâce, et qu’il l’a aussi accordée d’avance de toute éternité a la prière que nous lui ferions, de manière que ce changement soi-disant de sa volonté n’en est au fond que l’accomplissement éternel. Je me dis quelquefois : Le seigneur est semblable à l’architecte d’un dôme de fer comme j’en ai vu, qui laisse du jeu entre les matériaux qui forment sa charpente, afin que le fer s’allonge ou se raccourcisse librement, selon les saisons, sans que ça rompe son mécanisme. Ce jeu de l’architecte de là-haut, monsieur, qui laisse son effet à sa volonté immuable, en laissant son effet à l’invocation des hommes, je me figure que c’est la prière. C’est bien bête, n’est-ce pas ? Mais, que voulez-vous !