Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/241

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une bien claire vue de Dieu dans son âme, pour que cette clarté qui le brûlait intérieurement lui ait inspiré un tel sacrifice à son père, pour ses frères et par la main de ses frères ! Voilà un Verbe de Dieu ! Voilà le fils du père ! Voilà le frère de tous ceux qui sont nés ou qui naîtront de la femme me disais-je, quand le vieillard finissait de lire. Aussi, voyez comme une goutte de son sang, en tombant seulement du haut d’une croix sur le sable, a tellement pénétré jusqu’au noyau de la terre, qu’elle en tressaille encore depuis deux mille ans, et que sa parole n’a pas encore fini de retentir, et qu’elle sera mêlée à jamais à toutes les autres paroles qui viendront on ne sait pas quand s’ajouter à la sienne, jusqu’à ce que le nom de Dieu soit achevé sur ce globe de terre et dans ces globes de feu !

Le vieillard souriait en m’entendant, moi, ignorant, parler comme cela du Nouveau Testament. Il était bien aise de voir ce bon grain fermenter dans mon pauvre esprit.

Voilà comment nous parlions en lisant, et je me sentais tout retentissant au dedans de moi, comme une nef d’église vide, où les pierres qui résonnent à