Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/28

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pour eux ; et comme monsieur est riche, qu’il est maître des bois, des prés et du château, j’ai peur que cet homme, qui est doux, mais qui est résistant comme sa pierre dans son idée, ne se dise : — Le monsieur est assez à l’aise pour faire faire son ouvrage par des ouvriers à la journée ou à l’entreprise à bon salaire ; si j’accepte de travailler pour lui, je manquerai au pauvre monde qui aura une porte ou une fenêtre à tailler, et puis monsieur voudra me donner un prix supérieur à celui que je prends pour mes journées et qui représente juste mon pain je ne saurai pas comment le refuser, son argent, et je manquerai, si je l’accepte, à ma règle de vie. En un mot, monsieur, je vous le redis, j’ai peur que cet homme ne vienne pas.

— Non, non, dis-je, il ne pourra pas refuser de venir. Il fera son prix lui-même, puisqu’il est si juste. Et si mon argent, qu’il aura bien gagné, lui pèse sur sa conscience d’homme charitable, il le donnera à de plus malheureux que lui, voilà tout. Envoyez-le prier de descendre par un de vos bergers ce soir. Demain, je l’attendrai à midi ici. Lors même que je ne m’entendrais pas avec lui, je serai bien