Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/280

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droits où j’avais été, enfant avec ma mère et mon frère, jeune berger, avec Denise : le puits, la source, les pruniers, le verger, le pré, les meules de paille. Il me semblait que tout me disait : Bonjour, Claude, il y a long temps que nous ne t’avons pas vu ! mais nous te reconnaissons toujours, comme la châtaigne reconnaît la coque où elle a été formée, quand on la remet dedans pour l’hiver. La clarté si douce de la lune en pleuvant sur les feuilles était comme une illumination secrète que les esprits de la montagne auraient allumée pour fêter en silence le retour de l’enfant de la montagne. J’étais calme, et je ne pouvais pourtant pas m’endormir.

II.

Après avoir tout parcouru et tout reconnu et même, il faut que je vous avoue toute ma bêtise, après avoir embrassé bien des pruniers, des cerisiers et des sureaux comme s’ils avaient eu un cœur sous l’écorce pour me rendre mon embrassement, je me rapprochai de nouveau de la hutte, et j’en fis le tour. Puis, lassé d’errer ainsi de droite et de gauche, je