Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/284

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tait celle de Denise) venez, venez, l’innocent ne fait de mal à personne. Il dort là, le pauvre homme parce qu’il n’aura pas trouvé de grange ouverte cette nuit ne le dérangez pas de son sommeil, vous lui porterez une écuelle de lait et du pain quand j’aurai trait les chèvres.

Et elle entra à l’écurie pour traire le troupeau, en passant si près de moi que je sentis le vent de son tablier sur mon visage.

V.

Je vous laisse à penser, monsieur, ce que j’étais dans ce moment. J’aurais voulu être à cent pieds sous la terre et m’en sauver bien loin, bien loin, de peur d’être vu par Denise dans ces habits de mendiant. Qu’allait-elle penser de moi ? Mais les deux petits étaient restés là, dehors, à côté de moi, ne faisant quasi pas de bruit par respect pour la mère, et se mettant leurs petits doigts sur la bouche en me regardant dormir, de peur de moi et de peur de désobéir à Denise. Je n’osais donc pas remuer. Je me disais : Quand elle aura repassé avec le seau de