Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/291

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ma mère. Je t’ai fait partir, pensant que toi, qui étais un fort garçon et qui avais tes bras et tes yeux, tu trouverais assez d’autres fiancées, pendant qu’il n’y en avait qu’une pour l’aveugle. Et qu’est-ce qui est arrivé ? Le voilà, mon garçon.

XII.

Le chagrin est entré par la porte de la maison avant que tu l’eusses refermée, vois-tu ! Denise a d’abord fait une maladie qui a duré six mois et qui lui a enlevé les bras, la force et les couleurs elle était devenue pâle comme les violettes à l’ombre sous les coudriers.

L’aveugle ne pouvait pas s’en douter, puisqu’on ne le lui disait pas, et il la croyait le lendemain comme la veille. Sa complaisance et sa douceur étaient toujours les mêmes, et le son de sa voix avait pris quelque chose de plus tendre qu’autrefois. On aurait dit le son d’une cloche fêlée par le marteau. Il croyait que c’était un signe de son amitié augmentée pour lui, le pauvre innocent ! Il attendait impatiemment le moment où je lui dirais : — Tu peux parler à Denise.