Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’aurait rien dit de lui, et quand même je n’aurais jamais entendu les catéchismes enseignés dans les paroisses en faisant mon tour de France, est-ce qu’il n’y a pas un catéchisme dans tout ce qui nous entoure, qui enseigne aux yeux et à l’âme des plus ignorants ? Est-ce que son nom a besoin des lettres de l’alphabet pour être lu ? Est-ce que son idée ne rentre pas dans nos yeux avec le premier rayon de lumière, dans notre esprit avec notre première réflexion, dans notre cœur avec notre premier battement ? Je ne sais pas comment sont faits les autres hommes, monsieur mais quant à moi, je ne pourrais voir, je ne dis pas une étoile, mais seulement une fourmi, une feuille d’arbre, un grain de sable, sans lui dire : « Qui est-ce qui t’a fait ? »

Moi. — Et vous répondez : C’est Dieu.

Lui. — Bien entendu, monsieur ça ne peut pas se faire soi même car, avant de faire une chose, il faut être, n’est ce pas ? Et avant d’être, ça n’était pas : donc ça ne pouvait pas se faire. Ça n’est pas plus fin que ça. Du moins voilà comment je me suis dit la chose mais vous devez la savoir de bien d’autres manières plus savantes que celle-là.