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LAIDE

effort sans profit, Guy repoussa l’image d’Hélène, le souvenir de sa fête, et jusqu’à l’idée qu’il était à Paris couché dans la maison de son père.

Un rêve, cette fois éveillé, le transporta sur la haute terrasse du jardin Guisti à Vérone, et il s’y revit la veille de son départ. Le jeune homme avait quitté l’Italie depuis si peu de jours, il en avait la pensée si pleine, que son évocation des lieux chéris lui parut singulièrement réelle. Il se crut de nouveau en présence de sa bien-aimée, et repassa une à une toutes les émotions de cette divine rencontre. La marquise accourait en retard d’une heure, se plaignant de la surveillance de ses amis, et de leurs soins jaloux. Guy, qui jouait son grand jeu de galanterie avec cette orgueilleuse, se garda bien d’ajouter ses griefs à ceux de la jeune femme contre son entourage. Il attendit un mot tendre pour prendre le ton de ce tête-à-tête, se promena silencieux à côté de sa bien-aimée, et feignit de contempler la ville. Le jeune homme trouvait d’ailleurs d’un heureux augure la com-