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LAIDE

elle se voyait. Son émotion ajoutait encore à l’éclat fiévreux de son teint.

— Est-ce donc moi ? balbutia la malade. Moi, beaucoup moins laide ? Ah, nourrice, que mon épreuve serait légère, si la déesse que j’invoquais dans les bois où tu m’as conduite me l’imposait en vue d’une pareille récompense !

Ni la jeune femme ni sa fidèle servante, l’une par faiblesse, l’autre par prudence, n’ajoutèrent un mot aux paroles qu’elles venaient d’échanger. Il leur suffit du mince rayon d’espoir que toutes deux avaient entrevu. Hélène se dit qu’en guérissant elle pouvait être moins laide, Joséphine pensa qu’avec la promesse de devenir belle Hélène guérirait plus vite !

En effet, à partir de cette heure, la fièvre, qui ne cessait de croître, alla s’abaissant d’une manière sensible ; enfin, un beau jour, elle cessa, et tout danger alors disparut. Hélène, sauvée, entra en convalescence.