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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 07.djvu/15

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BOBRUN — BOCAGE
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BOBRUN (V. Beaubrun [Henri et Charles dej).

BOBRZYNSKI (Michel), historien et jurisconsulte polonais contemporain. Il est né à Cracovie en 1849 ; il y a t’ait ses études et est devenu professeur de droit à l’université et directeur des archives municipales. 11 a publié un grand nombre de mémoires sur le droit polonais et une Histoire de Pologne arrivée aujourd’hui à sa troisième édition (Cracovie, 1887), qui se distingue par la sûreté de la critique, l’indépendance et la nouveauté des vues. L. L.

BOBYNET (Pierre), jésuite français, né à Montluçon en 1593, mort à Orléans le 25 juin 1668. D’abord professeur de théologie et de philosophie, il devint recteur des collèges de Moulins et de Quimper-Corentin. Il écrivit sur l’horographie de nombreux ouvrages parmi lesquels nous citerons : Horographie curieuse (La Flèche, 1644, in-8) ; la Longimétrie industrieuse (Paris, 1647, in-8) ; l’Horloge des doigts (Paris, 1649, in-8) ; les Secrets du calendrier rendus faciles aux curieux (Quimper-Corentin, 1665, in-8). L. S.

BOCAGE. Dans les fonderies on donne ce nom aux fontes provenant d’objets non réussis et aux fontes répandues ; chaque coulée d’un haut fourneau produit une certaine quantité de fonte coulée en blocs réguliers et de bocages, morceaux irréguliers ou mélangés de sable qu’on ne saurait vendre ou transformer en objets marchands. La refonte au haut fourneau des bocages, quelle qu’en soit la provenance, donnera le meilleur profit ; leur fusion emploie une très faible quantité de chaleur, on peut compter qu’en augmentant la charge de 100 kilogr. de bocages, c’est comme si on l’augmentait de 20 kilogr. de minerai de richesse moyenne ; on peut passer de gros blocs sans nuire à la descente des charges ni érailler les parois en maçonnerie du fourneau ; la fonte chargée au gueulard arrive au creuset quinze à vingt heures avant les charges faites en même temps. Les bocages gris, chargés dans un haut fourneau de fonte blanche, tendent à rendre grise la fonte du creuset ; mais les bocages blancs ou brûlés, chargés dans un haut fourneau en allure graphiteuse, produisent de la fonte grise et graphiteuse ; on voit, d’après cela, tout l’intérêt qui s’attache à cette question, quand on sait que les fontes grises se vendent plus cher que les fontes blanches. L. K.

BOCAGE. Ce terme a été attribué, dans la nomenclature topographique de la France, à un certain nombre de régions généralement granitiques, formées de collines arrondies et de plateaux où affleure le rocher, parsemées de bouquets de bois, autrefois entrecoupées de landes et de bruyères, que l’emploi de la chaux permet de remplacer par des cultures, plus nombreuses de jour en jour. Le Bocage Angevin, qui occupe la partie du dép. de Maineet-Loire située au S. de la Loire, est formé d’un ensemble de collines d’une ait. moyenne de 200 m., ou les bouquets de bois alternent avec les cultures entourées de haies vives qui s’appuient sur des troncs d’arbres ébranchés ou de pleine venue. C’est dans ce pays, merveilleusement propre à la guerre de partisans, que se livrèrent les premiers combats de la guerre de Vendée dont le grand champ de bataille fut plus tard une autre région analogue, le Bocage Vendéen. On désigne sous ce nom un pays qui comprend le N. du dép. des Deux-Sèvres, l’E. et le N. de celui de la Vendée. C’est une région peu fertile, parsemée d’étangs, coupée de nombreux ruisseaux où la terre végétale peu épaisse laisse souvent apparaître la roche, granit, schiste ou micaschiste. Les hauteurs les plus élevées sont dans la Vendée les collines de Pouzauges (278 m.), celles de Saint-Michel du mont Mercure (283 m.), et des Alouettes (231 m.). Des forêts, des bouquets de bois, des landes et des bruyères alternent avec des pâturages et des cultures, souvent des champs de choux, toujours entourés de haies entre lesquelles passent des chemins creux. — Le Bocage Normand est


compris entre le Dessin et la campagne de Caen au N., le pays des Marches à l’E., le Cotentin à l’O., le pays d’Houlme au S. ; il va de l’Orne à la Vire, et occupe une partie des dép. de la Manche et du Calvados. L’aspect du pays tranche avec le paysage normand des pays voisins ; de grands blocs de granit sont épars sur des plateaux longtemps arides ; les cultures y ont presque partout remplacé les landes, mais elles demeurent maigres ; les hêtres et les châtaigniers y sont les arbres les plus répandus.

BOCAGE (Manoel-Maria Barbosa du), poète portugais (V. Barbosa).

BOCAGE (Pierre-Martinien Tousez, dit), célèbre acteur français, né à Rouen en 1797 et mort à Paris le 30 août 1863. Bocage est un des grands artistes de la période romantique. Le romantisme lui doit des succès, et il dut ses plus grands triomphes à quelques-uns des principaux drames d’Alexandre Dumas.

Bocage était ouvrier cardeur dans une fabrique de Rouen, et il n’y gagnait que 3 francs par semaine. Il vint à Paris et tenta dix métiers. Tour à tour, il se fit garçon épicier, commis à la guerre, clerc d’huissier, etc. 11 ne réussit dans aucun. II parvint à faire partie d’une mauvaise troupe ambulante qui exploitait la province. Ces débuts furent pour lui un dur apprentissage de son nouveau métier qu’il ignorait totalement. Il revint à Paris en 1821. Grâce à la protection du duc de Duras, gentilhomme de la Chambre, qu’il connut on ne sait trop comment, mais qu’il parvint à attendrir et à séduire, il fut admis à se présenter à la Comédie-Française le 24 juin 1821, et il y joua à titre d’essai le rôle de Saint-Alme de Y Abbé de l’Epée. Refusé, il regagna la province dans le but d’y gagner, à force de pratique, les qualités de maintien et de diction qui lui faisaient encore défaut. Il ne revint à Paris que cinq ans plus tard, en 1826, et fut admis à l’Odéon. Il y joua Tartufe, mais sans grand éclat ; il y créa peu de temps après un rôle important dans Homme du monde, d’Ancelot. Son succès fut considérable. Après deux nouvelles créations, l’une dans Y Homme habile, comédie de d’Epagny, l’autre dans le Dernier jour de Missolonghi, drame d’Ozaneaux, Bocage quitta l’Odéon et passa au théâtre de la Galté où, le 24 oct. 1829, il débuta dans un mélodrame de Ch. Desnoyers, Alice ou les Fossoyeurs écossais. A ce moment, Bocage avait trouvé sa vraie voie. Il avait de la grâce, mais encore davantage de la force. Le drame lui convenait donc mieux que la comédie, trop fine généralement et un peu grêle pour les emportements de sa voix et les élans de son jeu. Il chercha à jouer surtout le drame, et à la Galté il créa le rôle de Wilfrid dans un mélodrame de Thomas Sauvage, Newgate ou les Voleurs de Londres, où il obtint un nouveau et légitime succès. En 1830, il passait à la Porte-Saint-Martin où il reprenait [’Homme du monde. Quelques mois après, au même théâtre, il contribuait puissamment à deux nouveaux succès, dans un drame intitulé Napoléon ou Schcenbrunn et Sainte-Hélène, et dans le rôle de vieux curé d’un drame extrêmement audacieux et à grand effet : l’Incendiaire ou la Cure et l’Archevêché.

Mais ce fut bien autre chose avec les drames de la nouvelle école. Ce fut Bocage qui créa le principal rôle A’Antony et de la Tour de Nesles, se mouvant à merveille dans ces personnages à panaches et faisant admirablement ressortir le contraste de ces natures passionnées dans le bien comme dans le mal. Bocage fut dès lors salué comme l’interprète indiqué des drames nouveaux. Son nom fut jeté dans la mêlée de la critique, et s’il reçut les horions des classiques, il fut par les jeunes élevé sur le pavois. On conspua l’acteur pour mieux nier l’école qu’il personnifiait sur la scène, mais les romantiques ne se tinrent pas pour battus, et Bocage fut proclamé le plus intelligent et le plus chaleureux des amoureux de théâtre.