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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 19.djvu/478

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GROTTE — GROUCHY

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avait, après le connétable Anne de Montmorency, au château d’Eeouen, fait aménager par lîernard Palissy, dans le jardin des Tuileries, une vaste grotte décorée de figures de céramique, et cet illustre émailleur de lerre plaça, aux quatre coins de son Jardin délectable, des cabinets qui ne sont autres que des grottes ; car il les voulait bâtir de briques en forme de rocher que l’on aurait creusés sur la terre même, et, de plus, il les voulait couvrir intérieurementde couleurs d’émail qu’un grand feu eût liquéfiées et entremêlées de façon à couvrir les joints des briques et à produire des figures fort plaisantes. C’est à cette époque que l’on donnait le nom de grotte de Meudon au château royal dessiné dans cette localité par Philibert de L’Orme, château décoré extérieurement d’architecture rustique et orné intérieurement de statues, et l’on appelait encore un peu plus tard grotte de Médieù la fontaine composée par Salomon de Brosse, pour la reine Marie de Médicis, dans le jardin du Luxembourg où cette grotte existe encore. Après Louis XIV, Versailles et les autres résidences royales dont les grottes ne furent pas exclues, mais où les jardins dits à la française prirent avec le génie de Le Nôtre un si grand développement qui se prêtait peu aux grottes imitées de la nature, on vit, avec Louis XV et sous l’influence du dessin des jardins anglais — dont celui du château de lîlenheim est le plus brillant exemple — revenir les grottes à la mode, et de nos jours, à coté de l’abus qu’il faut signaler dans des jardins de peu d’importance, ou l’on façonne des rochers factices perforés, sorte de taupinières éventrées qui jouent à la grotte, on peut remarquer au palais du Trocadéro et au parc des Ruttes-Chaumont, deux essais des grottes dessinées par G . Dairond et qui eurent il y a quinze années et conservent aujourd’hui encore un succès mérité. Charles Lucas. Biiîl. : Revue générale de l’Architecture ; Paris, in-4, passim.

GROTTGER (Arthur), un des principaux dessinateurs et peintres polonais de notre temps, né à Oltyniowice (Galicie ) le 11 nov. 1837, mort à Amélie-les-Dains le 13 déc. 1807. Après avoir travaillé, tout jeune encore, à l’atelier de Jules Kossak, à Lemberg, il suivit jusqu’en 1855 les cours de l’Ecole des beaux-arls de Cracovie, sous la direction d’Albert Statller, en même temps que Jean Matejko. Grâce à la générosité éclairée du comte Alexandre Pappenheim, général autrichien, Grottger put continuer ses études artistiques à Vienne et à Munich. Dans la première de ces villes G. lîlass, dans la seconde Kaulbach, Schwind et Alfred Rethel exercèrent une influence décisive sur son talent. Pendant son séjour à Vienne (de 1839 à 1865) sa réputation grandit à vue d’oeil : c’est là, en effet, qu’il s’affirma tout d’abord comme un dessinateur de premier ordre dans les principales revues illustrées. Après un assez long voyage en Italie, Grottger se rendit, à la fin de 1806, à Paris, où il se mit à travailler avec acharnement et où il exécuta son œuvre capitale qui est un chef-d’œuvre : la Guerre, suite de onze cartons, qui a figuré à notre Exposition universelle de 1867 et qui est actuellement la propriété de l’empereur François-Joseph. Outre un grand nombre de dessins de petites dimensions qui figurent, comme autant de joyaux, dans les collections particulières en Pologne, Grottger a fait d’autres séries de carions qui forment chacune un ensemble caractéristique d’un coin de la vie polonaise ou un épisode émouvant de l’histoire de son pays. Quelques-unes de ces compositions, comme la Pologne (7 cartons dessinés sous l’influence des événements de 1861-63, appartenant au comte Palffy) et la Lithuanie (6 cartons, propriété de la Société des beaux-arts de Cracovie), son) de véritables épopées ou l’on sent vibrer l’âme de toute une nation malheureuse. C’est ce sentiment profondément patriotique qui est la marque distinctive du talent de Grottger et qui en a l’ail un des artistes les plus aimés et les plus populaires de la Pologne. Il a mis au service de ses idées généreuses un dessin ferme et précis, une science de composition magistrale qui excelle à dramatiser les scènes qu’il représente. Dessinateur hors de pair, Grottger ne saurait être rangé parmi les peintres éminents ; surpris par la mort à la fleur de l’âge et dans la plénitude de son talent, il n’eut pas le temps de se rendre maître de tous les secrets de la peinture. Ses deux meilleurs tableaux sont : la Reticontre de Jean III Sobirski avec, l’empereur Léopold I er à Sthwechat sous Vienne en 1683 (appartient à la Société des beaux-arls de Prague) et le portrait du comte Alex. Pappe ?iheim. F. Trawinski.

Biml. : Comte S. Tarnowski. Arlur Grottger, dans le Przcglad polshi (en polon.), 1873, t. III. — Cl. Kantecki, A rlur Grottger, esquisse biographique (en polon.) ; Léopol, 1879. — F. -M. Aren, Artur Grottger, Èine Rentiniscenz ; Vienne, 1878, portr.

GROUBER de Groubenthal, économiste français, né en Allemagne au xviu" siècle. Avocat au parlement de Paris, on lui doit deux sortes d’ouvrages financiers, les uns pour fonder et faire connaître la science des finances : la Finance politique réduite en principes et en pratique (Paris, 1775) ; Théorie générale de l’administration des finances (Paris, 1788, 2 vol.), les autres pour préparer le nouveau régime financier de la France : Moyens comparatifs de libération desdettes nationales de l’Angleterre et de la France (Paris, 1788) ; Moyens assurés de parvenir à la formation d’un système général de finances en France et d’amortir l’intégralité de la dette publique (1800),

GROUCHES-Luchuel. Coin, dudép. de la Somme, arr. et cant. de Doullens ; 4,842 hab.

GROUCHY (Jean de), seigneur de Montirollier, capitaine français, mort à l’assaut d’Hartleur en 1435. Lors de l’insurrection populaire contre les Anglais qui se développa dans le pays de Caux en 1435, il fut chargé par le maréchal de Pieux de porter secours aux révoltés, conduits par un simple paysan nommé Le Caruier (ou Le Charuyer) . Celui-ci, avec 10 i de ses partisans, ayant mis le feu dans un faubourg d’Hartleur, Jean de Grouchv profita de cette diversion pour donner l’assaut à la partie opposée de la ville. Elle fut enlevée, mais Grouchy périt sur le rempart. La ville d’Harlleur a élevé, en 1K76, une statue à son libérateur.

Bibl. : Gilles le Bouvier (le héraut Berry), Hist. chronologique de Charles VII, dans Godeeroy, Hist. de Charles Vil ; Paris, 1661, in-l’ol,

GROUCHY (Nicolas de), sieur de La Rivière, savant professeur de grec et de philosophie aux collèges de Paris, Bordeaux et Coïmbre, né à La Chaussée-sur-Longueville (Haute-Normandie) en 1509, mort à La Rochelle en 1572. Œuvres : Prœceptioncs dialecticœ (1552) ; des traductions d’Aristote (Paris, 1851-1855) ; traduction de F Histoire de FInde de Fernand Lopez de Castanheda (Paris, 1553) ; De Comitiis Romanorum libri très (Paris, 1555), etc.

Bibl. : Vicomte de Grouviiy et Emile Travers, Elude sur Nicolas de Grouchy.

GROUCHY (Emmanuel, marquis de), maréchal et pair de France, né à Paris le 23 oct. 1766, mort à Saint-Etienne le 29 mai 1847. Issu d’une famille noble de Normandie, il entra au service en 1779, à l’âge de quatorze ans, comme aspirant au corps royal de l’artillerie. Lieutenant en second au régiment de La Fère en 1780, versé dans la cavalerie en 1782, capitaine au régiment de Royal-Etranger en 1784, lieutenant aux gardes du corps en 1780, Grouchy était à l’époque île la Révolution l’un de ces jeunes officiers qui, tant par intérêt que par point d’honneur, semblaient destinés à défendre aveuglément la cause de l’ancien régime. Il se montra au contraire partisan si résolu des idées nouvelles qu’il dul quitter la mais lu roi pour rentrer dans les troupes de ligne. Il n’y perdit rien puisqu’en 1792, il était devenu colonel du 12’ chasseurs à cheval. On l’envoya alors à l’armée de La Fayette, d’où il passa bientôt à celle des Alpes en qualité de maréchal de camp (sept. 1792) : il y prit part â la conquête de la Savoie, se distingua l’année suivante au cours des opérations contre la Vendée et en fut récom-