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GUÉRIN

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En 1802, il envoya au Salon un tableau qui fut très remarqué, Phèdre accusant Hippolyte devant Thésée. Guérin, à partir de ce moment, ne cessa plus de s’inspirer de l’antiquité et de l’art dramatique. Dans Andromaque (Salon de 1810), il rendait encore sur la toile les vers touchants de Racine et les gestes scéniques de Talma. Il était fidèle aux mômes données dans Clytemnestrc et dans Didon ; les spectres de la Tragédie planaient en plein sur ses u ;ivres. Sous le Consulat et sous l’Empire, les tableaux de Guérin avaient valu à l’artiste une grande considération. En 1815, il fut nommé académicien par Louis XVIII ; en 1846, le roi lui conféra le titre de directeur de l’Ecole de Rome. Guérin était placé, à ce moment et en l’absence de David exilé, au sommet de l’Ecole française. Il n’accepta pas sa nomination et témoigna le désir de ne point quitter Paris. Il peignit pour Louis XVIII quelques portraits des plus célèbres chefs vendéens. Guérin avait ébauché une grande toile qu’il ne devait pas terminer, la Dernière Nuit de Troie. La direction de l’Ecole de Rome étant devenue vacante, il l’accepta cette fois, mais la faiblesse de sa santé l’empêcha de donner cours à ses projets de travail pendant les six années qu’il passa dans cette ville. Le roi le nomma baron en 1829, après son retour à Paris. Mais Guérin regrettait Rome, et il alla y mourir. Ant. Vai.abrègue. Bibl. : Charles Blanc, Histoire des peintres de toutes les écoles. — Deli ;cluze, David, son école et son temps. GUÉRIN (Jean-Raptiste-Paulin), peintre français, né à Toulon le 25 mars 1783, mort à Paris le 16 janv. 1855. Elève de Vincent et de Gérard, il s’adonna de bonne heure à la peinture d’histoire. Il se fit remarquer en 1812 par son tableau, Caïn après le meurtre d’Âbel. Il a laissé, entre autres ouvrages, Anchise et Venus (1822) ; Adam et Eue chassés du paradis (1827) ; le Dévouement du chevalier Roze pendant la peste de Marseille (1833). Portraitiste habile, il a peint nombre de personnages célèbres de son temps : nous lui devons les portraits de Charles Nodier (1824) et de Lamennais (1827). Ant. V. GUÉRIN (Gabriel-Christophe), peintre français, fils du graveur Christophe Guérin, né à Kehl le 9 nov. 1790, mort à Hornbach (Bavière rhénane) le 20 sept. 1856. Elève de Regnault à l’Ecole des beaux-arts, il eut des succès comme peintre d’histoire. On lui doit : la Mort de Polynice (musée de Strasbourg, 1817) ; Baptême de Jésus (église Saint-François-d’Assise, à Paris, 1 81 9) ; Louis XVIII, en pied (1819) ; Servais Tullius (musée de Strasbourg, 1822) ; Invention de l’imprimerie à Strasbourg (l827) ; le Cardinal de Richelieu chez la duchesse de Chevreuse (1835) ; la prince de Coudé chez M ile de Montpensier, après sa défaite de la porte Saint-Antoine (1835) ; la Vierge et l’Enfant Jésus (1844), etc. Il succéda à son père comme conservateur du musée et comme professeur, et ce fut lui qui forma la plupart des artistes alsaciens contemporains qui sont parvenus à la renommée. G. P-i.

GUÉRIN (Auguste) (V. Galimafré).

GUÉRIN (Jules-René), chirurgien français, né à Boussu (ancien dép. de Jemmapes) le 11 mars 1801, mort à Hyères le 25 janv. 1880. Il se lança de bonne heure dans le journalisme et fonda, en 1830, la Gazette médicale de Paris qu’il dirigea pendant quarante ans ; on peut dire qu’il a créé le feuilleton médical. Il entra à l’Académie de médecine en 1842 ; l’Institut lui accorda plusieurs prix pour des travaux sur le choléra, l’orthopédie, la ténotomie sous-cutanée, etc. Il s’était créé une spécialité du traitement des difformités osseuses et, de 1839 à 1849, il dirigea le service orthopédique de l’hôpital des Enfants. Rappelons également ses idées sur le choléra (V. ce mot) et sa malheureuse polémique contre Pasteur, dont il n’admettait pas les idées microbiennes. De 1838 à 1845, il publia une série de plus de vingt mémoires sur les difformités du système osseux ; citons encore : Essais sur la méthode sous-cutanée, etc. (Paris, 1841, in-8) ; Essai de physiologie générale (Paris, 1843, in-8, 2 e éd.) ; Pansement des plaies par Vocclusion pneumatique (Paris, 1878, in-8) ; Etude sur l’intoxication purulente (Paris, 1879, in-8) ; Recherches sur les difformités congénitales, etc. (Paris, 1880-1882, in-8, av. 28 pi. in— fol.) et un grand nombre d’autres ouvrages, de monographies, d’articles, etc. D r L. Un.

GUÉRIN (Eugénie de), née au château du Cayla, près d’Albi, en janv. 1805, morte en 1818. Elle eut à veiller dès son enfance sur son frère Maurice de Guérin (V. ce nom), qui était de cinq ans plus jeune qu’elle, et sa vie fut toute entière remplie par deux sentiments : une affection sans bornes pour son frère, et une piété profonde et sincère. Elle ne quitta guère le château du Cayla, demeure de ses ancêtres, que pour assister à Paris au mariage de son frère, en 1838. Ce dernier mourut à vingt-neuf ans, et la vie sembla dès lors vide d’intérêt à Eugénie de Guérin. Elle eût voulu recueillir en un volume les œuvres éparses de son frère, mais elle n’eut pas cette consolation, et mourut avant de les voir publiées. Eugénie de Guérin a noté les impressions de toute sa vie dans un Mémorandum, qui a été édité, avec quelques lettres d’elle, par MM. Trébutien et Barbey d’Aurevilly, sous le titre de Reliquiœ (Caen, 1835, in-32), et réédité sous celui de Journal et Lettres (Paris, 1862, in-8). C’est l’œuvre d’un écrivain charmant et d’une âme exquise, toute pénétrée, sous son orthodoxie volontaire, du sentiment profond de la nature. GUÉRIN (Georges-Maurice de), né au château du Cayla, près d’Albi, le 4 août 1810, mort au Cayla le 17 juil. 1839. Issu d’une vieille famille originaire de Venise, dit-on, il se montra dès son enfance, au témoignage de sa sœur Eugénie de Guérin « imaginatif et rêveur ». Il commença ses études au petit séminaire de Toulouse, et les acheva à Paris au collège Stanislas. En 1833, il se rendit à La Chesnaye, en Bretagne, dans un établissement fondé par Lamennais pour les études religieuses ; mais il s’y livra plus volontiers à la rêverie qu’aux discussions théologiques. Au reste, il dût bientôt quitter cette maison, abandonnée par Lamennais lui-même, et passa le surplus de sa vie obscurément, tantôt à Paris, où il se maria en 1838, tantôt au château du Cayla, ou il fut enlevé par une maladie de poitrine en 1839. Il laissait quelques poésies inédites adressées au Breton Hippolyte de La Morvonnais et des poèmes en prose, le Centaure, la Bacchante, qui furent publiés quelques mois après sa mort par George Sand dans la Revue des Deux Mondes. Un vif sentiment de la nature s’y mêle à l’expression poignante de l’ennui d’un René ou d’un Werther, et l’exquise beauté de la forme fait de ces œuvres de jeune homme, surtout de la première, de vrais chefs-d’o'uvre. Ses œuvres ont été publiées par M. G. Trébutien, sous le titre de Reliquiœ (Paris, 1861, 2 vol. in-16), et réimprimées sous celui de Journal, Lettres et Poèmes (Paris, 1862, in-8). Une édition de 1869 (3 vol. in-12) comprend les œuvres de Maurice et d’Eugénie. GUÉRIN (Alphonse-François-Marie), chirurgien français, né à Ploèrmel (Morbihan) le 9 août 1817. Interne des hôpitaux de Paris en 1810, aide d’anatomie de 1843 à 1846, docteur en médecine en 1847, prosecteur de 1849 à 1853, il a été nommé chirurgien des hôpitaux en 1850. Entre autres travaux importants, il est l’auteur d’un Mémoire sur les rétrécissements de Vurèthre (1857) ; d’un Traité de chirurgie opératoire qui a eu plusieurs éditions (1855-1881) ; d’un ouvrage sur les Maladies des organes génito-externes de la femme, résumant d’excellentes leçons faites à l’hôpital, etc. Mais l’œuvre la plus importante de M. A. Guérin est, sans contredit, sa doctrine de la genèse de la septicémie par les corpusculaires animés de l’air. Dès 1847, dans sa thèse inaugurale, Sur la Fièvre purulente, il soutenait qu’il fallait attribuer l’infection purulente à un empoisonnement miasmatique. En 1870, frappé de la mortalité qui suivait invariablement les opérations dans les hôpitaux encombrés de blessés, M. Guérin pensa que les miasmes pouvaient être des corpuscules analogues aux ferments de la bière