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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 19.djvu/640

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GUTTA-PERCHA — GLÏTZKOW

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Fabrication des objets en gutta-percha. La fabrication des objets en gutta-percha est assez simple ; elle consiste à faire passer la matière pâteuse entre des cylindres chauffés, qui la transforment en feuilles unies lorsque les cylindres ont des surfaces planes, en fils ou en cordes lorsqu’ils sont cannelés. Les tuyaux en gutta-perclia, de même que les tubes qui recouvrent les (ils métalliques, se font par pression dans des vermicillières. Les feuilles très fines sont obtenus par l’évaporation des solutions de gutta. Gutta vulcanisée. La vulcanisation de la gutta-percha s’est beaucoup moins généralisée que la vulcanisation du caoutchouc ; comme pour cette substance, elle a pour but de rendre la gutta-percha moins fusible et plus résistante aux agents atmosphériques. Cette opération se pratique comme pour le caoutchouc, en évitant néanmoins de produire dans la masse des soufflures qu’on attribue au dégagement d’une huile essentielle. On évite ces soufflures soit par l’addition de terre de pipe en quantité égale à celle du soufre et en chauffant préalablement la gutta-percha à 150- 160°, soit enfin en opérant comme pour la vulcanisation, mais avec 2 à 3 °/ de soufre seulement et en vulcanisant ensuite. Ch. Girard.

III. Thérapeutique. — La gutta-percha a reçu en thérapeutique des applications diverses. Elle occupe une large place dans la pathologie cutanée. Dans ce cas, elle est’employée sous forme de solution chloroformique(/ra»maticine ) et rend les mêmes services que le collodion. Etendue avec un pinceau ou avec le doigt, la traumaticine, par l’évaporation rapide du chloroforme, laisse sur les parties où on l’applique une sorte de vernis ou pellicule mince, dont on augmente à volonté l’épaisseur par des couches successives. Ce médicament a été employé contre l’eczéma rubrum, la lèpre, le psoriasis et la variole dont on peut prévenir, à l’aide de la traumaticine, les cicatrices difformes. La propriété que possède la gutta-percha de se ramollir à une température peu élevée, et de conserver, après refroidissement, la forme qui lui a été donnée, a conduit les chirurgiens à l’utiliser pour la fabrication d’attelles, de moules et de gouttières pour les fractures. En France, on se sert peu de ce mode de contention. La gutta rentre encore dans la fabrication de certains appareils de prothèse dentaire. D r Cab.

GUTTE (Gomme) (V. Gomme-Gutte).

GUTTIER (Bot.) (V. Garcinie).

GUTTIFÈRE (Bot.) (V. Ci.usiacées).

GUTTINGUER (Ulric), poète français, né à Rouen en 4785, mort le 21 sept. 1866. Ses principaux ouvrages sont : Mélanges poétiques (1824) ; Charles Vil à Jumièqes (1827) ; Amour et Opinion, roman (1827, 3 vol. in-12) ; Recueil d’élégies (1829) ; Arthur (1836) ; les Deux Ages du poète (1844) ; Dernier Amour (1852). Bibl. : E. Frère, Manuel du bibliogr. norm. —M 1 "» Oimsel, Nouvelle Biogr. norm.

GUTTURALE. Les gutturales sont des consonnes appartenant à l’ordre des explosives, et sont produites par le contact du dos de la langue avec un point quelconque de la partie supérieure de la cavité buccale : elles se divisent en fortes ou sourdes (kh, k) et en douces ou sonores (gh, g) ; les sons kh et gh représentent les gutturales aspirées. Le grec ne connait que l’aspirée forte (y ) ; les deux aspirées manquent en latin, où la ténue est exprimée par c (plus anciennement k devant certaines voyelles). La langue primitive indo-européenne possédait deux séries de sons gutturaux, produites l’une par le contact du dos de la langue avec le voile du palais (série vélaire), l’autre par le contact du même organe avec la voûte palatine (série palatale). Dans les dillérentes langues, ces deux séries se sont ou confondues, ou développées de diverses manières. La sourde palatale (exprimée ordinairement dans les ouvrages spéciaux par k) est restée généralement en grec •/., en latin e, mais s’est transformée en arien et dans les langues letto-slaves en un son sifflant ; la sourde vélairc (notée q) semble avoir eu dès le principe une tendance à développer après elle un son u (w) semi-vocalique , qui tantôt s’est perdu et a produit ainsi une confusion des deux séries, tantôt est resté ferme (par exemple en latin d’où est résulté qu) et a amené ensuite par voie d’assimilation certaines modifications de la gutturale primitive ; c’est ainsi que cette consonne, qui est restée parfois en grec x, est devenue aussi % (Î7wsos = equus, Xsfow = linquo) ou t devant les voyelles claires (xs = que, xéaaapîç — quattuor). Les gutturales sonores ont été, toutes proportions gardées, traitées de la même manière ; notons qu’en latin la vélaire, par un processus différent de celui qui vient d’être indiqué, est devenue souvent v, h g précédent étant tombé, de sorte qu’on a des rapports comme les suivants : Paîvuj = venio (gvenio), [3opâ = vorare (gvorare). Combinées avec la sifflante, les gutturales ont produit en grec et en latin les signes doubles Ç et x ; avec d’autres consonnes ou semi-voyelles, elles ont subi certaines modifications dont l’étude est du ressort des grammaires spéciales. Les gutturales ont une affinité remarquable avec les dentales et les sons chuintants ou sifflants ; c’est ainsi que s’expliquent d’une part certaines prononciations comme cintième, d’autre part la transformation de la gutturale en tch, ch, s, et respectivement en dj, j, z ; phénomène déjà constaté plus haut pour certaines langues anciennes et plus visible encore dans la dérivation : p. ex. italien cielo (pron. tch), français ciel (pron. s) à côté de cœlum ; fr. chien à côté de canis ; it. génère (pron. dj), fr. genre (pron. j) à côté de genus, et les prononciations des enfants ou de certains étrangers, sien, zenre, qui représentent pour ainsi dire le dernier degré de l’affaiblissement. Mondry Beaudouin.

GUTTUS (Arch.)(V. Fiole).

GUTZKOW (Karl), écrivain allemand, né à Berlin le 17 mars 1811, mort à Francfort-sur-le-Main le 16 déc. 1878. Son père, d’abord écuyer du prince Frédéric-Guillaume-Charles, occupa plus tard un emploi subalterne au ministère de la guerre. Ce fut par l’intervention du ministre de Kamptz que le jeune Gutzkow fut destiné à la carrière des lettres. Il entra au gymnase Friedrichswerder, et suivit ensuite les cours de théologie et de philologie à l’université. Il a raconté lui-même, et non sans charme, ses années d’enfance et de jeunesse dans son livre Aus der Knabenzeit (Leipzig, 1852). Il remplaça un jour Schleiermacher dans sa chaire, et il obtint un prix avec son traité De Diis fatalibus. C’était en 1830 ; la nouvelle de la révolution de Juillet venait d’arriver à Berlin ; Gutzkow en fut très ému, et il se décida aussitôt à entrer dans le mouvement de l’époque. Quel rôle y jouerait-il ? c’est ce qui ne lui apparaissait encore que vaguement. Il se borna, pour le moment, à écrire des articles dans les journaux, et à dresser, pour ainsi dire, la liste des questions qu’il se proposait de mettre à l’ordre du jour, dans Forum der Journallitteratur (Berlin, 1831). Ce livre attira l’attention de Wolfgang Menzel, qui associa Gutzkow à la rédaction du Morgenblatt de Stuttgart. C’est ici qu’il écrivit la nouvelle Der Sadductrer von Amsterdam, dont il reprit plus tard le sujet dans le drame (VUriel Acosta. Il ne put s’entendre longtemps avec Menzel, esprit médiocre, et qui craignit sans doute de se voir éclipsé par lui. Il revint prendre son grade de docteur à Berlin (1832), fit ensuite une tournée à travers l’Allemagne méridionale, l’Autriche et la haute Italie, et vécut alternativement à Berlin, à Hambourg et à Leipzig. C’est l’époque de ses deux romans, Maha-Guru, histoire d’un dieu (Stuttgart, 1833, 2 vol.), et Wally, die Zweijlcrin (Mannheim, 1835). Le premier était une satire, souvent spirituelle, de la superstition, le second une apologie du doute, à travers laquelle perçaient de vagues théories sur l’émancipation des femmes. La Vie de Jésus de Strauss, qui venait de paraître, ne fut pas sans influence sur la conception de Wally. Gutzkow fut considéré, à partir de ce moment, comme le porte-drapeau de ce qu’on a appelé la Jeune Allemagne, qui ne fut, à vrai dire, ni une école, ni un parti politique, mais un