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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 21.djvu/15

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LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE

J

JANIÇON (François-Michel), publiciste français, né à Paris le 24 déc. 1674, mort à La Haye en août 1730. Fils de François Janiçon, sieur de Marsin, avocat au conseil et huguenot de marque, il faisait ses études à Maastricht au moment de la révocation de l’édit de Nantes. Il resta donc en Hollande, collabora à la Gazette d’Amsterdam, prit la direction de la Gazette de Rotterdam et celle d’un journal français fondé parles magistrats dTtrecht.il fut aussi agent du landgrave de liesse auprès des Etats-Généraux. Il a laissé, outre des traductions : Etat présent de la république des Provinces-Unies (La Haye, 1729-1730, 2 vol. in- 12), ouvrage qui a eu beaucoup de succès et qui abonde en renseignements puisés aux meilleures sources. JANICULE(Mont) (V. Rome).

JANIN (Jules-Gabriel), littérateur français, né à Saint-Etienne (Loire) le 16 t’évr. 1804, mort à Passy le 20 juin 1874. Fils d’un avoué, il vint terminer à Paris, au collège Louis-le- Grand, les études qu’il avait brillamment commencées dans sa ville natale, et, lorsqu’elles furent achevées, il vécut fort modestement de répétitions à 2 fr. le cachet jusqu’au jour où il débuta dans la petite presse libérale. Il abandonna bientôt le Figaro pour la Quotidienne qu’il ne tarda pas à quitter lorsqu’elle devint l’organe de M. de Polignac. Présenté aux frères Bertin, il fit d’abord partie de la rédaction politique du Journal des Débats ; mais, chargé un jour de suppléer Duviquet, successeur de Geoffroy, comme critique dramatique, il apporta dans cette tache nouvelle tant de verve et de fantaisie qu’elle lui fut désormais exclusivement confiée. Durant quarante et un ans, Janin ne cessa point un seul lundi d’entretenir son public, non seulement des pièces nouvelles et de leurs interprètes, mais encore de réminiscences ou d’affaires personnelles, dont quelques-unes sont demeurées célèbres par les polémiques ou les procès dont elles furent l’origine. C’est ainsi qu’à l’occasion du Mariage du critique (16 oct. 1841), il initia le public, alors peu habitué à ces sortes de confidences, aux joies que lui promettait son union avec M Ue Huet, fille d’un magistrat, et s’attira de la part d’Hipp. RoHe, et sous le même titre, une verte riposte ; ou bien encore, à propos d’une reprise du Tibère de Marie-Joseph Chénier (déc. 1843), Félix Pyat répondit dans la Réforme aux critiques des Débats en mêlant à ses arguments de telles personnalités que Janin le fit condamner pour diffamation à six mois de prison. Il eut encore d’autres démêlés où le papier timbré joua son rôle avec Alex. Dumas (à propos de M lte de Relle-lslé), avec Th. de Banville, avec le Figaro de Villemessant. GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXI.

Si ponctuel qu’il fût à remplir sa lâche hebdomadaire et sans parler d’une collaboration assidue à Y Artiste et à la Revue de Paris (où il rompit des lances contre D. Nisard et contre Balzac, à propos de la littérature « facile » et d’Un Grand Homme de province à Paris), Janin s’était révélé comme romancier par : l’Ane mort et la Femme guillotinée (1829, 2 vol. in-12) ; la Confession (1830, 2 vol. in-12) ; Rarnavc (1831, 4 vol. in-12) ; Contes fantastiques et Contes littéraires (1332, 4 vol. in-12) ; Contes nouveaux (1833, 4 vol. in-12) ; le Chemin de traverse (1836, 2 vol. in-8) ; Un Cœur pour deux amours (1837, in-8). L’Ane mort est demeuré fameux par la bizarrerie de son litre et de son contenu ; la publication de Ramave, dont Aug. Barbier, Félix Pyat, Théodore Burette, Edgar Quinet, avaient fourni leur quotepart, fut un événement plus politique encore que littéraire, car la préface, rédigée par Etienne Béquet, attaquait avec véhémence Philippe-Egalité, et provoqua une réplique intitulée la Rra7ickc royale d’Orléans ou le Ramave de M. J. Janin ré futé par l’histoire (1831, in-8). A partir de ce moment, Janin, dont jusque-là « l’opposition avait été la vie », témoigna en toute occasion le zèle le plus bruyant en l’honneur de la branche cadette et garda, disons-le à sa louange, la même attitude après l’exil et la mort de Louis-Philippe. A considérer non le résultat définitif, mais l’effort, on ne saurait contester que Janin n’ait été l’un des plus infatigables polygraphes de son temps, même en tenant compte de quelques plagiats plus ou moins déguisés et de la complaisance avec laquelle il prêtait son nom à des éditeurs embarrassés ou peu scrupuleux. Une énuméralion détaillée ne saurait en être tentée ici, et il suffira, pour donner une idée de cette activité quelque peu stérile, de rappeler les principales excursions du « prince de la critique » dans les directions les plus diverses. Il faut citer en première ligne : Deburan, histoire du théâtre à quatre soas pour faire suite à l’histoire du Théâtre-Français (1832, in-8 ; 2 e éd., 2 vol. in-12), pimpante fantaisie ; Histoire de la littérature dramatique en France (1853-58, 6 vol. in-18), choix pratiqué par l’auteur dans ses feuilletons remaniés et modifiés ; Rachel et la Tragédie (1839, in-8 et in-4, pi.) ; Réranger et son temps (1865, 2 vol. in-18) ; puis de nouveaux romans : la Religieuse de.Toulouse (1850, 2 vol. in-8) ; les Gaités champêtres (1851, 2 vol. iu-8) ; la Fin d’un monde et du neveu de Rameau (1861, in-18) ; Contes du chalet (1859, in-18) ; Contes non estampillés (1862, in-18) ; les Oiseaux bleus (1864, in-18) ; le Talisman (1866, I