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MANUCE — MANUEL
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tions on latin (Eptstolœ, 1558 à 1580) et deux en italien {Letton 1 volgart, 1556 à 1560).

Aide Manuce, le Jeune, fils du précédent, né à Venise le 13 févr. 1547, mort à Rome le 28 oct. 1597, devint, à l’exemple de son père, un latiniste expérimenté et un érudit. A l’âge de dix ans, il publia son premier livre : Elegan%e délia lingua toscana e latina (1556), recueil qui fut successivement augmenté et eut plus de vingt éditions. Cinq ans plus tard, il fit paraître son Orthographiai Ratio (1561), qui fut réédité plusieurs fois avec des augmentations. De 1562 a 1565, il resta à Rome, où il publia, chez son père, des fragments de Salluste avec des notes (1563). Il retourna à Venise en 1570 et reprit la direction de l’imprimerie paternelle, à laquelle ses cousins Torresano firent concurrence, en en établissant une nouvelle. L’ouvrage le plus important qu’il ait publié est l’édition complète de Cicéron (1583, 10 vol. in-fol.). Parmi ses travaux personnels, il faut encore citer son Commenlarius sur l’art poétique d’Horace (1576). Il accepta une chaire d’éloquence à l’université de Bologne en 1585, passa l’année suivante à l’université de Pise, puis à celle de Rome en 1588, et prit, en 1590, la direction de l’imprimerie du Vatican. Il ne laissa pas de postérité de son mariage avec la fille de Bernard Giunta, célèbre imprimeur florentin, et fut le dernierrejetondecette illustre famille de savantstypographes qui a rendu tant de services aux lettres. G. Pawlowski. Bibl. : A. —A. Renouard, Annales de l’imprimerie des Aide ; Paris, 1834, in-8, 3" éd. — Ambroise Firmin-Didot, Aide Manuce et l’hellénisme à Venise ; Paris, 1875, in-8. MANUCODE (Ornith.) (V. Lophorhina).

MANUEL. I. Bibliographie (V. Bibliographie, t. VI, p. 634).

IL Pédagogie. — On appelle manuel un livre relativement court et d’un maniement facile, où sont condensées toutes les matières essentielles d’un enseignement déterminé. Il y aurait beaucoup à dire en faveur de cet instrument d’étude, qui, bien fait et bien employé, peut rendre de grands services. C’est à peu près le Catechismus des Allemands, et le Text Book qui joue un si grand rôle dans les écoles d’Angleterre et des Etats-Unis. Il faut beaucoup de savoir et de talent pour faire un très bon manuel, présentant les choses clairement et dans le meilleur ordre, avec une brièveté point trop sèche, et pouvant servir aussi bien de guide à "eux qui apprennent ou même à ceux qui enseignent que de mémento à ceux qui savent. Et il est certain que les élèves, si bon que soit l’enseignement oral qu’ils reçoivent, ont besoin d’en retrouver la substance et les formules principales dans un résumé méthodique où ils se reportent à volonté, qu’ils possèdent à fond et qu’ils conservent. Ce n’est pas a tort cependant que les théoriciens de l’éducation, enErance, sont généralement hostiles aux manuels presque autant que les élèves sont obstinés à s’en servir. En effet, même fait par le professeur même de la classe et résumant exactement son enseignement, le manuel a le grand défaut de figer, de pétrifier pour ainsi dire cet enseignement, et d’en faire, au lieu d’une chose vivante et souple, toujours perfectible, toujours adaptable aux divers esprits, une chose morte. Que serace si les élèves pressés, enfiévrés par la préoccupation d’un examen, quittent l’enseignement vivant de leur maître pour suivre servilement, pour apprendre par cœur le manuel fait, et parfois mal fait par un autre, lequel, en tout cas. n’est pas là pour leur expliquer sa pensée et la mesurer à leur acquis ? Et le mal est à peine moindre, s’ils essayent d’apprendre à la fois et ce qu’on leur dit et ce qu’ils lisent dans leur manuel, car ni l’ordre, ni les formules ne sont les mêmes ; ils sont rarement de force à s’y reconnaître. Un seul guide, même médiocre, vaut mille fois mieux à l’écolier moyen, surtout à l’enfant, que deux ou plusieurs guides excellents qui ne lui montrent pas le même chemin. Et tout ce qui tend à dispenser ou le maître d’avoir une méthode à lui bien vivante, ou l’élève d’être toul entier à son maître est mauvais. Le manuel, qui n’est tolérable dans une classe qu’autant que le maître lui-même le prescrit et le fait sien, n’est donc bon que pour les élèves qui n’ont pas de maître du tout ou qui en ont un trop mauvais. H. Marion. MANUEL (D. Juan), duc de Penafiel, marquis de Vil— lena, célèbre homme d’Etat et écrivain espagnol, né à Escalona le 5 mai 1282, mort en 1347. Eils de Pedro Manuel, infant d’Espagne, frère d’Alphonse le Sage, il le perdit à l’âgededeux ans et fut élevé par son cousin le roi SanchelV. Sous le règne de son successeur, Ferdinand IV, il parvint aux plus hautes dignités de l’Etat, avant l’âge de trente ans. En 1320, il devint co-régent [du royaume, pendant la minorité d’Alphonse XL Proclamé majeur en 1325, ce dernier s’empressa d’éloigner des affaires son grand-oncle ; mais, devant son attitude menaçante, il entra en composition avec lui et s’engagea à épouser sa fille Constance. La rupture de cette promesse et l’assassinat, dans le palais même du roi, de l’oncle du prince D. Juan déterminèrent celui-ci à entrer en guerre ouverte contre son souverain, avec l’aide du roi d’Aragon, son beau-frère, et du roi maure de Grenade. Cette guerre civile dura, avec des succès divers, jusqu’en 1335. D. Juan Manuel rentra en grâce et redevint général en chef des troupes, avec lesquelles il remporta une suite de victoires sur les Maures. De son premier mariage avec Constanza, fille de Jayme, roi d’Aragon, il n’eut qu’une fille, Constanza, qui devint, en 1340, l’épouse de D. Pedro, héritier du trône de Portugal ; c’est elle qui avait pour dame d’honneur la célèbre Inez de Castro. De sa seconde femme, Blanca de La Cerda, fille de l’infant Fernand de La Cerda, il laissa un fils, Fernand, et une fille, Jeanne, qui épousa Henri de Transtamare. Malgré son existence si agitée, D. Juan Manuel trouva le temps de cultiver les lettres et d’y marquer lui-même avec éclat. Il écrivit douze ouvrages importants : une chronique d’Espagne, des traités sur les engins militaires, l’équitation et la chasse, des traités de morale à l’usage de la chevalerie, un livre de conseils à son fils, un recueil de poésies, etc. Plusieurs sont perdus, un seul a été publié : El Conde Lucanor (Séville, 1575, pet. in-4), avec biographie et commentaires de Gonzalo Argote de Molina. C’est un ouvrage politique et moral comprenant quarante-neuf historiettes ou apologues, dans le goût oriental, avec une sentence morale, en vers, placée à la fin de chaque morceau. Tous ces récits sont d’un vif intérêt et l’ensemble constitue un des plus beaux monuments de la littérature espagnole du xiv c siècle. Le Comte Lucanor eut plusieurs éditions : Madrid, 1642 ; Stuttgart, 1839 ; Barcelone, 1853 ; Madrid, 1860 (Biblioteca de autores espagnoles, de Rivadeneyra, t. Ll). Il a été traduit en plusieurs langues ; en français par A. de Puibusque (Paris, 1854, in-8), avec une notice sur l’auteur et une dissertation sur l’introduction de l’apologue d’Orient en Occident. G. Pawlowski. Bibl. : Ticknor, Histoire de la litt. espagnole, t. I. — Comte de Puymaigre, les Vieux Auteurs castillans ; Met/., 1861-62, t. Il, 2 vol. in-8.

MANUEL 1 er, empereur de Trébizonde (1238-1263), second fils d’Alexis I er qui avait en 1204 fondé sur les débris de l’empire grec cette principauté asiatique. La mégalomanie des gens de Trébizonde a surnommé Manuel le Grand Capitaine ; en fait, on voit que, pour résister : m péril mongol, il s’allia aux sultans seldjoucides d’Iconium et qu’après la défaite d’Arsinga (4244), il dut se reconnaître vassal du grand khan. Toutefois, les victoires des Mongols, en ruinant Badgad (1258), développèrent les relations commerciales des Grecs de Trébizonde ; aussi la ville prospéra* t-elle sous le règne de Manuel. C’est à ce prince qu’est due la fondation de l’église de Sainte-Sophie près de Trébizonde. On y voit encore le portrait à demi-effacé de l’empereur. Ch. Dif.iil.

MANUEL III, empereurde Trébizonde (1390-1417), fils d’Alexis III, qui dès 1376 l’associa au gouvernement. Par son habile et prudente diplomatie, il léussit, ; i maintenir intact son petit Etal dans la crise que l’invasion mongole déchaîna sur l’Asie. Sans doute, après un court essai de