Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/11

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Nous en avons déjà vu un essai dans le conflit qui a surgi il y a quelques années entre les Druses et les Maronites. On peut, de là, présumer ce à quoi on doit s’attendre dans la suite.

Voilà la catastrophe vers laquelle nous marchons. Mais est-on sûr que les désastres s’arrêteront dans nos contrées ? Est-on sûr que les populations de l’Orient seront les seules victimes des ambitions et des convoitises de leurs frères d’Occident et du Nord ? Qui sait si la justice divine n’a déjà décrété l’œuvre de la punition ? De cette immixtion dans des querelles qu’on aura eu soin d’exciter et d’enflammer soi-même, ne surgira-t-il pas de fortes irritations parmi les grandes puissances qui y auront pris part ? L’heure du partage contentieux serait-elle sonnée, et serait-il compliqué d’une guerre européenne, ou plutôt d’une guerre universelle dont les fureurs se propageraient sur toute la face du globe terrestre ? Et celui qui aura le dessous dans cette lutte ne tâchera-t-il pas de faire tourner la guerre politique en guerre révolutionnaire et celle-ci, dans toutes ses gradations et transformations, en guerre sociale ?

Voilà quels désastres menacent la civilisation et le progrès en Europe, si l’on tient son cœur fermé aux réclamations de la justice, si l’on ferme les yeux devant l’évidence. Nous n’évoquons point ces malheurs, nous ne faisons que les rappeler à l’esprit de nos lecteurs. S’il faut périr, pourquoi ne pas périr seuls ? Les malheurs qui en rejailliraient sur les autres auront-ils la vertu de nous ressusciter ?

Mais, dans toutes ces scènes d’horreur et de fureur, qui doit se réconforter et se réjouir ? Voilà ce