Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/28

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moyens, les forces, les richesses que renferment ces diverses contrées. J’ai parlé de concert européen, parce qu’une fois qu’on est établi et qu’on possède de longs rivages dans la Méditerranée, qu’on le veuille ou non, on est forcé d’y prendre part.

Le gouvernement de l’État asiatique peut concéder sans crainte aucune, sans hésitation, la pleine et entière jouissance des droits civils et politiques aux populations chrétiennes qui se trouvent dans ces provinces, sans courir le risque de voir ces concessions servir comme un premier pas au renversement du pouvoir établi, ainsi qu’on pourrait le craindre, dans les provinces occidentales, d’après l’état actuel de choses. Les populations chrétiennes, atteignant à peine le chiffre d’un million à un million et demi d’habitants, ne pourraient jamais, devant la masse imposante de dix-huit millions de musulmans, aspirer à une vie politique à part. Par le fait seul qu’elles n’occupent pas un territoire distinct dans l’empire, mais sont disséminées en divers endroits et sur divers points, la tentation même disparaîtrait.

Devant d’ailleurs jouir de la plénitude des droits civils et politiques, et étant en même temps plus accessibles aux idées européennes, elles seront plus aptes à les recevoir et à les transmettre par des transitions moins brusques aux populations musulmanes. Celles-ci, de leur côté, pourront voir les chrétiens prendre, en raison de leur nombre, part aux plus hauts emplois civils et militaires de l’État, sans craindre de voir un jour cette confiance employée par eux au détriment ou au renversement du pouvoir