Page:Landon - A Lhassa, la ville interdite.djvu/18

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dernier de nos cipayes, nous nous sommes efforcés d’ajouter à la gloire de notre Souverain et au bon renom de notre pays, en démontrant que ni les rigueurs d’un hiver au Tibet, ni l’obstination, ni les atermoiements des deux nations les plus arriérées du monde, n’étaient capables de nous détourner de notre but. Par-dessus tout, nous avons tenté dé réaliser ce dessein sans avoir recours à la violence. Si, comme ce fut malheureusement le cas, nous ne pouvions éviter de faire usage de nos armes, nous étions décidés à montrer notre modération à l’heure même de la victoire, et à convaincre les hommes ignorants qui président aux destinées du Tibet, que nous tenions à les respecter autant que nous voulions être respectés par eux. Nous cherchions à leur prouver que la bonne foi et la confiance seraient les fondements les plus solides de nos futures relations.

Il fallut, pour faire cette preuve, sacrifier des vies humaines, ce que chacun de nous regretta ; mais, tout compte fait, je crois que les Tibétains auront quelques raisons de se louer de la réussite de notre œuvre. Guerre n'est pas toujours synonyme d’oppression, et le renversement d’un pouvoir despotique n’entraînera pas nécessairement la ruine du peuple sur lequel il faisait peser son joug.

Et d’abord, les paysans tibétains nous ont montré de la sympathie. Ils étaient surtout désireux de faire du commerce avec nous, et l’on trouverait diffi-