Page:Landon - A Lhassa, la ville interdite.djvu/558

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joue le rôle d’un pôle magnétique, qui incite les hommes à se signaler par des actions d’éclat.

J’en devrais parler plutôt au passé, car le mystérieux attrait n’existe plus aujourd’hui. L’isolement de la Cité Interdite a cessé, et elle se trouve dépouillée du mystère qui l’entourait. Il est vrai que le rideau est retombé devant le sanctuaire ; mais il n’a pu y retomber aussi complètement qu’auparavant. Aucun homme de race blanche de la génération présente ne sera probablement admis encore à contempler les souris brunes de Palden-lhamo, ni les nuages d’encens qui montent lentement, en bleues spirales, sur les autels du Na-chung Chos-kyong ; le charme qu’exerçait Lhassa a cessé ; il doit être passé au compte des profits et pertes de jadis. Mais il n’y a pas d’hésitation à avoir pour balancer un compte de cette nature-là. L’Angleterre, le premier pays du monde pour la richesse et le prestige, a le moins à perdre au dépouillement de ce mystère qui, depuis sept siècles, attirait tous les regards vers le nord de l’Inde ; et si l’humanité, enrichie par cette nouvelle conquête de la science, n’y gagne rien du côté de l’imagination, qui sera désormais privée d’un de ses foyers d’attraction les plus séduisants et les plus poétiques, elle y gagnera du moins un monde à la civilisation.