Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/118

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lités marginales s’égaliseraient à 110. Notre individu aurait avantage, par conséquent, à pouvoir toucher par anticipation 1.000 francs de son revenu de l’an prochain. Et si quelqu’un s’offre pour lui en faire l’avance, il trouvera son bénéfice à promettre de payer après un an, en plus des 1.000 francs qu’il devra rembourser, une petite somme dont l’utilité soit inférieure à 10.

La variation des ressources correspond à la variation des besoins ; le cas de l’individu dont les ressources doivent augmenter est pareil à celui de l’individu dont les besoins doivent diminuer, et le cas de l’individu dont les ressources doivent diminuer est pareil à celui de l’individu dont les be soins doivent augmenter. Il est donc inutile d’y insister. Et il est inutile de montrer tout ce qu’on peut tirer de la considération de la variation des besoins, de la variation des ressources, ou si l’on préfère de la variation du rapport des besoins aux ressources. Cette considération sera utilisée plus loin pour l’édification de la théorie de l’intérêt. Et l’on voit, dès à présent, que l’on en peut déduire : la nécessité de l’épargne dans certains cas ; la nécessité de l’amortissement pour ces capitaux dont ou ne peut pas attendre des rendements perpétuels, ou qui donnent dans le commencement des rendements plus forts que ceux qui viendront plus tard ; la condamnation de cette pratique qui consiste à « manger son capital», etc.

Supposons que les besoins d’un individu, d’une année à l’autre, ne doivent pas varier, que ses ressources ne doivent pas varier non plus ; ou supposons, encore, que le rapport des besoins aux ressources doive rester inchangé. Ce que notre individu aura de mieux à faire, dans ce cas-là, ce sera de dépenser chaque année son revenu intégralement. Car ainsi chaque année les derniers 1.000 francs lui procureront la même utilité — une utilité, par exemple, égale à 100 —. Et toute combinaison qui dérangera cet équilibre de la consommation diminuera la somme de son bien-être. On nous sollicite de céder 1.000 francs, nous promettant de nous les rendre dans, un an ? Mais par là on nous retirerait cette année une utilité égale à 100, et l’utilité que nous retrouverions l'an prochain ne serait plus égale qu’à 90, par exemple. Nous ne pouvons donc raisonnablement consentir à ce prêt qu’on nous demande que si l’an prochain on nous donne, en plus des 1.000 francs que nous aurons prêtés, une petite somme qui nous procurera une utilité de 10, ou davantage.

Ainsi, toutes choses égales d’ailleurs, la capitalisation — nous entendons par là la constitution d’un capital — détruit l’équilibre de la consommation, et représente par suite un sacrifice pour le capitaliste. Plus d’ailleurs le capital à constituer est gros, plus on s’éloigne de l’équilibre, et plus, par conséquent, le sacrifice est lourd. Et le sacrifice est d’autant plus lourd, encore, que la pente de la courbe de l’utilité est plus forte dans