Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/167

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dans la production de ces étoffes, la part de la nature est très grande.

Quand la nature intervient dans la production, tout ce que nous lui devons peut être attaché, en quelque sorte, à une certaine portion de notre planète. Nous pouvons monter dans les airs ; mais il nous est impossible de prendre possession des régions tant soit peu élevées de l’atmosphère : et d’ailleurs jusqu’à ce jour on ne voit pas quels biens on pourrait être obligé d’aller chercher là-haut. Mais on a créé des exploitations, qui sont importantes, dans les entrailles de la terre. Et on utilise surtout la surface et les couches superficielles de celle-ci. C’est de là que nous tirons la plupart des matériaux et des substances qui nous sont utiles. Et c’est là que nous percevons toutes les utilités que nous pouvons obtenir, puisque c’est là que nous vivons : ces dons de la nature, par exemple, qui nous viennent de l’atmosphère, ou à travers elle, c’est sur la surface de la terre que nous les recueillons ; et nous en prenons possession quand nous prenons possession de cette surface.

Il suit de ce qu’on vient de lire qu’il est légitime, dans une très grande mesure, d’employer dans l’économique, à la place du mot « nature », les mots « terre » ou « sol » — étant entendu qu’en employant ces mots on pense, en même temps qu’à la terre proprement dite, aux eaux qui la recouvrent en tant d’endroits — .

Adoptons le mot « terre » pour désigner ce que nous avons appelé jusqu’à présent du nom de nature. Nous rappelant ce qu’on a vu tantôt, à savoir que rarement le travail était productif à lui tout seul, nous pourrons reprendre la formule fameuse de Petty, que le travail est le père, et la terre la mère de toute richesse. Cette formule ne signifie pas que la terre, dans la production, demeure inerte. La terre, nous l’avons dit, est un ensemble de forces en même temps qu’une masse de matière — si tant est même que la matière se puisse concevoir en dehors de la force, qu’elle soit autre chose qu’un complexus de forces — : ce sont des forces naturelles, par exemple, qui font germer la semence enfouie. Mais la terre est passive en un sens, comme on se représentait jadis que la mère l’était dans la procréation de l’enfant. Elle est passive par rapport à l’homme parce qu’elle lui est extérieure, et que c’est du point de vue de l’homme, sujet de l’économie, que l’économique la considère.

84. De quelles façons la terre nous est utile. — C’est de deux façons différentes que la terre peut nous être utile. Tantôt elle nous est utile simplement par la place qu’elle nous donne — par elle-même par conséquent — : et tantôt elle nous est utile par les biens que proprement nous tirons d’elle, d’une manière ou de l’autre.

La terre nous est utile par elle-même quand il s’agit d’un site qui nous est nécessaire pour construire une maison, une usine, des magasins, ou encore pour établir un jardin d’agrément ou un parc. Dans, ce cas, il est