Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

économique. La remarque qu’il y a lieu de faire ici, c’est que ces rapports sont, d’une certaine manière, plus étroits que ceux qui existent entre les autres sciences et les arts qui s’y rattachent. Il n’appartient pas à la physiologie, par exemple, de définir la santé. Si on veut entendre par ce dernier mot, non pas l’état normal de l’organisme, mais cet état dans lequel nous serions en mesure de faire des diverses facultés de notre être l’emploi le plus heureux possible, ce sera aux goûts et aux ambitions de chacun de nous de décider ce que nous devons entendre par la santé. Et pour prendre un deuxième terme de comparaison dans cette sociologie dont l’économique est une branche, ce n’est pas l’étude théorique des pratiques, des coutumes et des institutions se rattachant à l’union des sexes et à la procréation qui nous conduira à la détermination de l’optimum « gamique »[1] : il faudra introduire ici des conceptions qui sont extérieures à cette étude.

Mais considérons la science économique. L’art qui se fondera sur elle cherchera à porter à son maximum, soit pour l’individu, soit encore pour l’ensemble de la société humaine, ce bien-être que procure la possession des biens échangeables ; il devra, en d’autres termes, réaliser l’intérêt économique. Or la notion de l’intérêt économique est au cœur même de la science économique. C’est le souci que les hommes ont de leur bonheur et du bonheur des leurs qui est le principal moteur de leur activité économique. Et sans doute l’intérêt économique de la société ne se détermine pas par une sorte de sommation des intérêts économiques des individus. Mais c’est néanmoins une notion du même ordre, que l’on tirera, d’une certaine façon, de la considération de ces intérêts individuels.

7. De quelques distinctions usuelles. — Maintenant que nous nous sommes expliqués sur la distinction de l’histoire, de la science et de l’art économiques, il nous est possible de bien comprendre la signification, ou plutôt les significations multiples de certaines autres distinctions que l’on trouve dans la littérature économique.

On oppose souvent l’économique pure et l’économique appliquée. Cette opposition correspond parfois à l’opposition de la science et de l’art. Mais parfois aussi elle correspond à des divisions que l’on peut établir dans la science économique elle-même. On peut entendre alors par économique pure — et par économique appliquée — deux choses différentes.

1° L’économique pure est cette partie de la science économique qui comprend les vérités les plus générales, qui fait abstraction de la diversité des conditions juridiques et autres au milieu desquelles l’activité économique des hommes se déploie — l’économique appliquée prenant au contraire en

  1. Du grec γάμος, mariage, union sexuelle. Le mot « gamique » est employé par Effertz. Il nous parait heureusement choisi.