Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IV. — Le capital comme facteur de la production

1. Définition du capital[1].

85. Comment le capital a été défini. — La définition du capital est difficile à établir. Le mot « capital », comme tant d’autres mots que l’économique a empruntés à la langue usuelle, a déjà dans l’usage courant des sens multiples, et qui chevauchent les uns sur les autres. Les économistes sont arrivés par là-dessus qui ont voulu procéder à l’élaboration du concept de capital. Mais dans ce travail ils ont apporté des préoccupations diverses : les uns par exemple ont étudié le capital au point de vue des intérêts collectifs, les autres en considérant plutôt l’économie privée. Ils y sont entrés, d’autre part, ayant déjà pris parti sur des questions connexes, comme la question de la matérialité des biens. Le résultat est que dans la littérature économique on trouve une quantité formidable de définitions différentes du capital. Chaque auteur, presque, a la sienne : bien heureux lorsque les économistes prennent la peine de se constituer une terminologie précise ; et qu’il ne leur arrive pas de donner successivement au même mot plusieurs significations. Nous allons indiquer les principales de ces conceptions du capital que l’on rencontre dans la littérature économique.

1° La conception que l’on rencontre le plus souvent est celle qui consisté à considérer comme capitaux ces biens qui « rapportent », comme on dit vulgairement, en d’autres termes, ces biens qui donnent des plus-values.

Cette conception, toutefois, apparaît à l’ordinaire accompagnée de déterminations qui limitent plus ou moins l’extension de la notion de capital.

Il est des auteurs, par exemple, qui s’attachent à la manière dont est perçue la plus-value capitalistique : ils veulent, pour qu’on puisse parler de capital, que cette plus-value soit perçue sous la forme de « revenus », c’est-à-dire de biens distincts du bien qui les donne. Et ces mêmes auteurs veulent parfois encore qu’elle soit perçue par termes plus ou moins espacés, et non pas d’un coup. Ils se refuseront, ainsi, à voir un capital dans le vin qui se bonifie en vieillissant.

Pour beaucoup d’auteurs, ces biens qui constituent le capital doivent être des biens matériels.

Pour d’autres, les biens ne reçoivent le nom de capitaux que s’ils ont été créés par l’homme.

  1. Sur la définition du capital, voir Böhm-Bawerk, Positive Theorie des Capitales, liv. I, iii, Kleinwächter, Die volkswirtschaftliche Produition im Allgemeinen (Handbuch de Schönberg, t. I), § 14, Fisher, Capital and income chap. 4, et Landry, L’intérêt du capital, chap. 1.