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l’agriculture, et encore qu’il soit destiné à s’y étendre beaucoup, il ne pourra jamais y jouer un rôle aussi important que dans telles autres industries : c’est qu’en effet l’emploi des machines suppose, au point de vue technique, une uniformité des tâches à exécuter qui ne se réalise que très imparfaitement dans les travaux agricoles, et que, au point de vue proprement économique, il exige en régle générale une continuité des tâches qui, dans les travaux agricoles, est très loin d’exister. Ajoutons que dans l’agriculture les machines permettent, à l’ordinaire, d’avoir autant de produit à moins de frais, mais non point d’accroître le produit. Or, l’industrie agricole, comme on le verra bientôt, occupe entre toutes les industries une place spéciale : d’une certaine manière, dans une certaine mesure, tout le progrès économique est conditionné par l’accroissement de la production agricole.


V. — Les variations quantitatives dus facteurs de la production dans l’économie


101. Comment on peut les mesurer. — Il est intéressant de rechercher ce qui peut faire varier la quantité du travail, de la terre et du capital dont la société dispose. Mais pour entreprendre une telle recherche il faut d’abord avoir adopté, pour les trois facteurs de la production, une mesure. Quelle sera donc cette mesure ?

Pour ce qui est, en premier lieu, du capital, il est clair qu’il n’y a qu’une mesure de possible, à savoir celle qui consiste à considérer dans le capital sa valeur. Cette mesure est seule possible, à cause de l’extrême diversité des biens qui composent le capital. Et toutefois il est nécessaire de se rendre compte que cette mesure du capital — quand il s’agit de questions concernant, non point une partie très limitée de l’économie, mais cette économie dans son ensemble — est très imparfaite. La valeur d’un complexus de biens comme celui qui constitue le capital social à un moment donné ne nous renseigne que très mal sur le « degré capitalistique » de l’économie et sur les possibilités de production que crée ce capital, bref, sur les problèmes qu’on peut se proposer de résoudre quand on s’occupe des variations quantitatives du capital social : et cela, parce que cette valeur résulte en partie de facteurs comme la quantité de la monnaie en circulation, le taux de l’intérêt, etc.

Passons au travail et à la terre. On peut les mesurer, eux aussi, par leur valeur. Seulement cette mesure, appliquée à des biens moins hétérogènes que le capital, sera plus défectueuse encore qu’elle n’était par rapport à celui-ci. La valeur des terres par exemple — c’est là un fait bien