Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/207

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produits plus ou moins grande. Si le marché ne peut absorber que cette quantité de produits qui correspond à la première des hypothèses de tantôt, notre entrepreneur sera obligé de ne mettre dans son usine qu’un capital de 100.000 francs ; et de même si, pour écouler une quantité supplémentaire de produits, il faut aller chercher les clients trop loin et supporter des frais de transport trop élevés. Que maintenant les débouchés viennent à s’élargir : l’usine pourra être agrandie, ce qui élèvera les rendements.

Passons à l’agriculture. Ici, quand la demande s’accroît, les rendements s’abaissent. Qu’est-ce à dire ? Si une nation est obligée, pour une raison ou pour une autre — parce que la population s’est accrue, parce qu’on a frappé de droits de douane les produits agricoles importés de l’étranger —, de demander une plus grande quantité de produits à son sol, si les consommateurs sont disposés à payer plus cher les denrées agricoles, il arrivera qu’on appliquera à la culture des terres des doses supplémentaires de capital et de travail ; et c’est cela qui abaissera les rendements de l’agriculture — au point de vue de la quantité des produits —.

Ainsi quand, considérant les effets d’un accroissement de la demande, on parle des rendements croissants de l’industrie et des rendements décroissants de l’agriculture, on se fonde d’un côté sur l’une, et de l’autre côté sur l’autre des deux lois que nous avons distinguées dans les pages précédentes ; on se fonde d’un côté sur la possibilité qu’a l’industrie, avec une demande accrue, d’établir cette échelle de la production qui techniquement est la plus productive, et de l’autre côté sur la nécessité où se trouve l’agriculture, dans le même cas, de combiner cet agent productif qu’est la terre avec des quantités supérieures de capital et de travail.

C’est Marshall principalement qui a opposé, de la manière que nous venons de dire, les conditions de la production industrielle et celles de la production agricole. Mais quand il l’a fait, il a manqué à bien voir les fondements théoriques de sa conception : il n’a pas su distinguer les deux questions que nous avons pris soin de séparer.

Pour ce qui est, maintenant, des applications que comporte la conception de Marshall, elles sont multiples et importantes. Cette conception conduit à établir d’une certaine manière les courbes que les coûts de production décrivent quand la production s’accroît — quand elle s’accroît, faudrait-il dire pour parler exactement, ensuite d’un accroissement de la demande — ; elle conduit par là à certaines conclusions touchant les effets, au point de vue du bien-être général, de l’augmentation de la population ; elle sert de fondement, aussi, à diverses théories, en particulier à une théorie des effets des taxes et à une théorie des effets de la protection douanière[1].

Il est nécessaire d’indiquer, toutefois, que les conséquences tirées par

  1. Cf. Cunynghame, Geometrical political economy, chap. 5, 7, 10.