Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/270

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tainement pas à une technique inférieure de la grande production agricole ; elle doit s’expliquer par l’utilisation plus complète que l’on peut faire des machines dans les grandes exploitations.

4° La grande exploitation peut réaliser d’autres économies de main-d’œuvre que celles qui résultent de l’emploi des machines : ainsi quand on a au lieu de charrues ou de charrettes relativement petites des charrue, des charrettes plus grandes, il ne faut toujours qu’un seul homme pour les diriger. La grande exploitation peut établir entre les travailleurs qu’elle occupe une division du travail, tirant ainsi un meilleur parti des aptitudes de chacun, faisant exécuter les besognes un peu délicates par des hommes qualifiés pour cela. Et tout ce que nous venons de dire du travail humain est vrai également du travail des bêtes. Dans les grandes exploitations on peut avoir moins de bêtes. La statistique agricole de la Grande-Bretagne, dressée en 1880, nous apprend que le nombre des chevaux et des têtes de bétail par 1.000 acres de terrain diminue progressivement à mesure qu’on considère des exploitations plus grandes. Il y a 72 chevaux et 395 têtes de bétail par 1.000 acres dans les exploitations de 1 à 5 acres ; dans les exploitations de plus de 1.000 acres, il n’y a plus que 24 chevaux et 81 têtes de bétail. En Allemagne, la valeur moyenne du bétail par hectare, en 1895, descendait progressivement de 316 marks dans les exploitations de moins de 2 hectares à 110 marks dans les exploitations de plus de 100 hectares[1]. Et d’autre part les grandes exploitations, au lieu d’employer les mêmes bêtes à toutes sortes de travaux et pour toutes sortes d’usages, peuvent avoir pour chaque destination la variété de bêtes qui y est appropriée.

5° Il y a des travaux qui exigent, pour être entrepris, des mises de fonds considérables, et qu’on ne peut entreprendre que lorsqu’on a une exploitation importante : ainsi la construction d’un canal d’irrigation.

6° La grande exploitation, dans l’agriculture comme dans l’industrie ou le commerce, achète et vend à de meilleures conditions. Et le crédit est beaucoup plus cher pour le petit agriculteur que pour le grand, parce que le nombre des prêteurs à qui il peut s’adresser est plus restreint, parce que les frais qui grèvent les emprunts hypothécaires sont beaucoup plus élevés pour les petits emprunts, etc.

Parmi les considérations précédentes, toutefois, il en est qui ne s’appliquent pas à toutes les cultures. Certaines cultures, par exemple, excluent l’emploi des machines, et ne réclament guère que de la main-d’œuvre : telle la culture maraîchère.

Dans ces cultures mêmes auxquelles s’appliquent les considérations ex-

  1. Ces derniers chiffres sont cités par Bourguin, Les systèmes socialistes. Annexe VI, § 2 (p. 432).