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3° la généralisation de l’emploi des engrais ;

4° l’adoption d’assolements permettant de tirer un meilleur parti du sol. Bien entendu, en même temps que par ces progrès de la technique, la production agricole se développait — à de certaines époques tout au moins — par l’accroissement du capital investi dans l’agriculture : sans qu’aucune modification soit apportée à la technique, la production agricole peut profiter de l’amélioration des bâtiments d’exploitation, de l’augmentation du bétail, de défoncements plus profonds de la terre, etc.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le développement de la production agricole non seulement s’est poursuivi, mais encore s’est accéléré. Cela est dû, sans doute, en partie à l’accroissement nouveau qu’a reçu le capital employé par l’agriculture[1]. Mais cela est dû surtout aux progrès nouveaux de la technique — ces progrès, d’ailleurs, ont contribué à provoquer l’accroissement du capital agricole —. Et ici il s’agit de progrès différents de ceux qui avaient été réalisés dans les époques précédentes, différents par leur origine en ce sens qu’ils résultent des découvertes des sciences biologiques et chimiques, et en même temps beaucoup plus importants par les conséquences qu’ils ont entraînées déjà et qu’on peut s’attendre à ce qu’ils entraînent dans un avenir prochain.

Voici les principaux de ces progrès récents de la technique agricole[2].

Pour ce qui est de l’élevage, la pratique de la sélection artificielle s’est répandue, encouragée par la diffusion des théories évolutionnistes, et elle est en train de transformer certaines espèces domestiques. D’autre part on commence à connaître d’une manière un peu précise les besoins alimen-

  1. En France, la statistique agricole de 1892 attribuait aux animaux de ferme de notre pays une valeur de 5.200 millions, au matériel des exploitations agricoles une valeur de 1.500 millions ; elle estimait les semences employées à 500 millions, et les fumiers à 800 millions (cf. Colson, Cours, liv. 111, chap. 3, II, C). Pour l’Angleterre, Marshall (Principles, liv. IV, chap. 2, § 3 ; trad. fr., t. I) cite une estimation relative à quatre fermes types. Dans une ferme laiterie, la valeur du sol en son état naturel est de 54 £ 15 s. par acre, le coût des bâtiments de 12 £ 15 s., celui des clôtures et chemins de 2 £ 10 s., celui du drainage de 5 £, et le capital d’exploitation du fermier s’élève à 12 £. Dans une ferme avec moitié de terres arables et moitié de pâturages, les chiffres correspondants sont 35 £, 8, 2, 0 et 12. Dans une ferme semblable, mais située en région élevée, on a 22 £ 43 s., 6 £ 7 s., 1 £, 0 et 10 ; dans une ferme n’ayant que des pâturages, 85 £ 16 s. 8 d., 7 £, 1 £ 13 s. 4 d., 0 £ et 12. En Allemagne, dans les exploitations bien tenues, le rapport du capital fixe et celui du capital circulant à la valeur du sol et des bâtiments seraient de 15 %, et de 6 % respectivement avec l’exploitation extensive, de 25 % et de 10 % avec l’exploitation intensive, de 20 % et de 8 % avec une exploitation intermédiaire (d’après von der Goltz, Landwirtschaft, § 43 ; dans le Handbuch de Schönberg, 2e partie, t. I).
  2. On trouvera un exposé des progrès récents de la technique agricole dans Esslen, Das Gesetz des abnehmenden Bodenertrages seit Justus con Liebig, Munich, Sellier, 1905.