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Pour ce qui est maintenant des deux formes de production qu’on rencontre dans la moyenne et la grande industrie, il en est une que l’on connaît suffisamment : c’est celle de la fabrique ou manufacture — les deux mots ont la même signification —[1]. C’est de cette forme de la production industrielle que les économistes se sont le plus occupés, c’est elle qui frappe le plus l’attention. On est moins édifié, en général, sur l’industrie à domicile ; et c’est pourquoi il convient que nous nous arrêtions un peu à l’étudier[2].

174. De l’industrie à domicile en particulier. — L’industrie à domicile se présente à nous avec des modes d’organisation assez divers. Envisageons successivement les diverses catégories de personnes qui y jouent un rôle.

Il y a d’abord l’entrepreneur proprement dit. C’est parfois un véritable industriel : il peut, en plus des ouvriers qu’il occupe chez eux, avoir des ateliers où d’autres ouvriers soient réunis pour exécuter le même travail que ceux-là ; il peut encore, faisant exécuter à domicile certains travaux préparatoires, achever dans des ateliers la fabrication de ses produits. Mais d’autres fois l’entrepreneur apparaît comme ne se livrant qu’à des opérations commerciales : il achète des matières premières, il traite avec des ouvriers ou avec des intermédiaires pour l’élaboration de ces matières premières, et il vend les produits de cette élaboration.

À l’ordinaire, l’entrepreneur ne distribue pas directement à des ouvriers la tâche à accomplir. Il traite moyennant un prix fait avec un intermédiaire, qu’on appelle généralement dans les pays anglais un contractor, et que nous pouvons appeler un facteur. C’est le facteur qui remettra aux ouvriers la matière première à ouvrer, et qui leur paiera leurs salaires.

Quant aux ouvriers, ils travaillent toujours à la tâche, bien entendu.

  1. On s’est ingénié à établir entre ces synonymes des distinctions. Certains, se fondant sur l’étymologie, appellent manufactures ces établissements industriels où la main de l’homme fait tout, ou presque tout, et fabriques ceux où il y a un outillage mécanique quelque peu considérable. D’autres, on ne sait à vrai dire pour quoi, veulent qu’on se serve du mot « fabrique » pour désigner la première sorte d’établissements, et du mot « manufacture » pour désigner la deuxième. L’usage de la langue ne permet pas de donner deux définitions différentes de ces mots. On a d’ailleurs le mot usine pour les établissements qui emploient des machines puissantes, et où les matières premières subissent des opérations qui les transforment physiquement ou chimiquement.
    On sait maintenant qu’un atelier est un lieu couvert où des travailleurs sont réunis pour accomplir une besogne, ou des besognes déterminées. On parle de chantier quand un stock de matières premières — de bois notamment — se trouve accumulé en un lieu, et que des ouvriers sont employés sur place à traiter — d’une manière ou d’une autre — ces matières premières.
  2. Voir dans le Handwörterbuch d. S., au t. IV, l’article Hausindustrie, par Sombart ; voir encore Bourguin, Les systèmes socialistes, chap. 12, i, et Annexe III.