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181. Conséquences du développement des transports. — Les conséquences de ces améliorations qui ont été apportées, depuis un siècle environ, aux moyens de transport, apparaissent à quiconque les étudie comme extrêmement considérables. Avec cet accroissement de la productivité du travail industriel qui est résulté de l’invention des machines, la transformation des moyens de transport — qui se présente à nous comme ayant consisté elle aussi, avant tout, en une application du machinisme — est le plus grand événement qui ait eu lieu dans l’histoire de la technique depuis quelque 6.000 ans ; et de ces deux faits connexes, c’est celui qui nous occupe en ce moment qui semble devoir être tenu pour le plus important. C’est par la facilité accrue des transports, avant tout, qu’il faut expliquer tant de changements profonds qui se sont faits, au cours du dernier siècle, dans la vie économique des hommes et des nations, et dans d’autres domaines encore.

Attachons-nous particulièrement à la circulation des marchandises, et voyons seulement dans les autres circulations des accessoires de celle-là. La première conséquence de la facilité plus grande des transports, la con séquence d’où toutes les autres, peut-on dire, procèdent, c’est que pour toute production, pour toute entreprise le marché se trouve étendu. La denrée, par exemple, qu’on ne pouvait vendre que dans un rayon de 10 kilomètres, on pourra l’expédier à 100 kilomètres du lieu où elle est produite, et plus loin encore.

Il suit de ce qui vient d’être indiqué que les prix des marchandises de viendront moins inégaux entre un lieu et un autre, comme aussi entre un moment et l’autre. Il y aura égalisation des prix dans l’espace ; si dans une région donnée la récolte de blé vient à’manquer, les régions voisines, où la récolte a été bonne, enverront une partie de leur blé ; et la différence des prix sera d’autant moins grande que les frais du transport auront été moins élevés. Il y aura égalisation des pria ; dans le temps : les années de mauvaise récolte, on paiera le blé moins cher, dans un endroit déterminé, s’il en coûte moins pour en faire venir des contrées qui ont été plus favorisées.

Par le développement des transports, la production est accrue. Il est des moyens de production que l’on ne pourra pas exploiter, ou du moins que l’on ne pourra exploiter qu’incomplètement si les transports sont trop coûteux. Que l’on pense, par exemple, aux mines de houille, de fer de pétrole ; que l’on pense encore à toutes ces cultures, à toutes ces exploitations agricoles de certains pays neufs qui n’existeraient pas s’il n’était pas possible d’en envoyer les produits dans les pays plus peuplés. Pour ces moyens de production mêmes qui ne doivent pas au développement des communications d’être mis en valeur, grâce à ce développement ils sont, dans l’ensemble, utilisés d’une manière plus avantageuse pour l’humanité.