Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/365

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on comptait 420.982 exploitations commerciales, avec un personnel de 661.496 personnes, soit 1,55 % de la population totale ; de ces 661.490 personnes, 562.679 étaient occupées dans les petites exploitations, 98.817 dans les moyennes et les grandes. En 1895, il y avait 635. 309 exploitations commerciales avec un personnel de 1.332.993 personnes, soit 2,57 % de l’ensemble de la population, 6,37 % de la population active ; 943.545 personnes étaient occupées dans les petits établissements, 389.448 dans les moyens et les grands[1].

190. Causes qui menacent le développement du commerce. — La comparaison des statistiques allemandes de 1875, 1882 et 1895 accuse pour le commerce des progrès rapides et sérieux. Il est cependant des faits sur lesquels on a pu se fonder pour prédire, avec quelque vraisemblance, une évolution inverse comme prochaine ; en même temps que nous voyons le commerce, d’une manière générale, prendre une place de plus en plus grande dans l’économie, nous le voyons sur certains points subir une régression qui parait devoir s’accentuer de plus en plus.

1° Considérons en premier lieu le commerce de gros. Il semble qu’il soit condamné à perdre du terrain à mesure que, dans les différentes sortes de productions successivement, la concentration atteint un certain degré. Le commerçant rend sans doute des services à l’industriel ; mais ces services, il les fait payer ; si donc l’industriel peut se passer de son intermédiaire, il ne manquera pas de le faire. Or l’industriel, s’il dispose de capitaux importants, et surtout s’il a une grande quantité de produits à écouler, pourra s’organiser pour les écouler lui-même : il aura des représentants, comme on les appelle, des commis-voyageurs, ou encore, pour la ville où il exerce son industrie, des placiers qui iront offrir sa marchandise aux détaillants.

Les grands producteurs ne sont pas les seuls à pouvoir s’arranger pour supprimer l’intermédiaire du commerçant en gros. Les petits producteurs y arriveront aussi, s’ils s’associent. Et un peu partout on les voit à cette heure qui s’associent en effet pour vendre leurs marchandises à des conditions plus avantageuses. Nous avons parlé déjà des syndicats agricoles et de toutes ces associations d’agriculteurs qui s’occupent, soit d’une manière exclusive, soit concurremment avec d’autres opérations, de vendre les pro duits de leurs membres — que ces produits d’ailleurs soient vendus à l’état brut, ou qu’ils aient dû subir une certaine élaboration avant d’être vendus — , et nous avons parlé également des syndicats de vente, des sociétés de magasinage qui se sont fondées entre petits industriels.

D’autre part, les associations d’agriculteurs et aussi les sociétés coopératives de consommation, quand elles atteignent de certaines dimensions,

  1. Cf. l’article de Lexis, déjà cité, p. 241, et le Statistisches Jahrbuch allemand de 1907, pp. 40-41. En fait d’exploitations, nous ne comptons que les Hauptbetriebe.