Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/445

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pas été établi d’une manière aussi solennelle et n’être pas regardé comme un principe fondamental du système monétaire, n’en est pas moins demeuré inchangé depuis 1816, et même depuis beaucoup plus longtemps. Le régime monétaire de la France d’aujourd’hui ne doit pas non plus être regardé comme un régime bimétalliste parce que certaines pièces d’argent — les pièces de 5 francs — ont cours légal illimité. Ce fait ne suffit pas à mettre sur un pied d’égalité les deux métaux. L’or, chez nous, est un métal privilégié parce qu’on peut le faire frapper. Celui qui a de l’or, en un sens, n’est pas assuré que son or conservera toujours la même valeur : car le pouvoir d’achat de la monnaie, comme nous aurons à le voir, varie perpétuellement. Mais il est assuré d’obtenir toujours, avec sou or, la même quantité d’unités monétaires, de francs. Celui au contraire quia de l’argent, pour se procurer delà monnaie, devra commencer par échanger son argent contre de l’or ; et il obtiendra, en définitive, plus ou moins d’unités monétaires selon que le prix de l’argent, le rapport de valeur de l’argent et de l’or aura varié dans un sens ou dans l’autre.

240. Autres régimes possibles. — Le bimétallisme et le monométallisme ne constituent pas les seules solutions de la question qui nous occupe en ce moment. Il est d’autres solutions qui ont été mises en pratique, ou que l’on peut imaginer. Un régime qui a été en vigueur jadis, en droit ou en fuit, dans la plupart des pays, est ce régime qu’on appelle le régime de l’étalon mixte ou des étalons parallèles. L’État ne fixait pas un rapport de valeur entre les deux sortes de monnaies, ou s’il en fixait un, on n’en tenait guère compte, et les valeurs des deux monnaies se déterminaient indépendamment l’une de l’autre. Un tel régime, si l’on accepte les définitions que nous avons données tantôt, ne saurait en aucun cas être appelé bimétalliste, puisque le rapport des pouvoirs libératoires des deux métaux y varie sans cesse. Et il ne pourra pas non plus être appelé monométalliste, pour la raison que le rapport entre les valeurs des deux sortes de monnaies n’y est pas fixé légalement.

3. Le monométallisme et le bimétallisme comme doctrines.

241. Peu d’ancienneté de ces doctrines. — La question du bimétallisme et du monométallisme ne s’est guère imposée à l’attention des économistes qu’au xviii" siècle pour l’Angleterre et au xix" pour les autres pays. Les raisons de ce fait sont multiples.

1° Tout d’abord, dans l’ancien temps, les relations commerciales in terna- fl) Voir dans le HandwBrterbuch d. S., au t. VI, l’article Parallelwïihrung, par Lexis.

Voir sur ce point Schmoller, Grundriss, §§ 107-168 (trad. fr., t. III).