Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/466

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escompter des effets pourraient, tout aussi bien, donner ces effets en paiement, que les effets de commerce peuvent circuler comme une monnaie, alors sans doute il n’y aura, comme particularité propre aux billets, que ce fait — très important au reste — que les billets, une fois émis, circulent ou peuvent circuler indéfiniment. Mais plusieurs raisons s’opposent à ce que les effets de commerce puissent jouer d’une manière courante et régulière le rôle de moyens de paiement ; celui qui fait escompter un effet, à l’ordinaire, n’aurait pas la possibilité d’employer cet effet à paver ce qu’il doit ; il a besoin de monnaie proprement dite. Si donc on ne lui donnait pas des billets, il faudrait lui donner des monnaies métalliques. L’émission des billets permet d’employer ces monnaies — ou du moins-, une partie d’entre elles — pour d’autres paiements que ceux que notre individu a à faire.

254. Ses effets sur les prix et le commerce extérieur. — Ainsi l’on peut dire, sans s’éloigner beaucoup de la vérité, que par rémission des billets, la circulation monétaire est augmentée, non pas de tous ces billets qui sont mis en circulation, mais de l’excédent de ces billets sur l’encaisse métallique que les banques émettrices constituent pour en garantir le remboursement. La circulation monétaire étant augmentée dans le pays où les billets circulent, les prix, croyons-nous, s’élèveront — nous nous réservons de démontrer plus tard qu’il doit en être ainsi — ; les importations seront favorisées par là, les exportations contrariées ; et comme c’est en métal, en définitive, que les comptes internationaux sont réglés, il y aura, pour le pays que nous considérons, exportation de métal. Remarquons, d’ailleurs, que l’exportation du métal, que les partisans de la currency theory à l’ordinaire ont regardée comme un événement fâcheux, n’a pas en réalité ce caractère. Une nation qui se démunit d’une partie de son or en suite de l’accroissement des moyens de circulation dont elle dispose ne s’appauvrit point par là ; elle bénéficie, au contraire, de toutes les marchandises qu’elle peut se procurer avec l’or exporté.

255. Si les banques peuvent émettre des billets à volonté. — Les banques, maintenant, peuvent-elles émettre autant de billets qu’il leur plaît ? Ou bien au contraire les émissions de billets se limitent — elles d’elles-mêmes, par un mécanisme automatique ? La vérité paraît être entres ces deux thèses extrêmes. Ceux qui sont partisans de la seconde, ou dont l’opinion se rapproche de l’opinion qu’elle exprime, essaient de prou ver que l’émission des billets se proportionne nécessairement aux besoins du marché. La situation générale, disent-ils, est-elle prospère, l’activité économique intense ? alors on présente beaucoup d’effets à l’escompte ; il est donc émis beaucoup de billets ; s’il y a stagnation des affaires, au contraire, on escompte peu de papier, et par suite on ne peut émettre que moins de billets. Mais les banques d’émission ont un moyen très simple d’augmenter, si elles veulent, la circulation des billets : elles n’ont qu’à