Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/479

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Quelles conséquences faut-il attribuer à l’emploi des substituts de la monnaie, et comment y a-t-il lieu d’apprécier ces conséquences ?

En de certains cas, les substituts de la monnaie, s’ils remplacent celle-ci, ne la rendent pas pour cela disponible dans la mesure qu’on pourrait croire tout d’abord. Celui qui émet un chèque ne peut le faire, à l’ordinaire, que parce qu’il a un dépôt chez le banquier sur qui le chèque est tiré ; et sans doute les banquiers disposent d’une partie des dépôts qui leur sont remis, même s’ils sont à vue : ils ont confiance que leurs clients ne viendront pas retirer ces dépôts tous à la fois ; mais cependant il leur faudra garder en caisse une partie des sommes qui leur auront été apportées. Cette portion des dépôts qu’ils gardent en caisse, les déposants, s’ils n’avaient pas la faculté d’émettre des chèques, s’en serviraient pour effectuer leurs paiements ; et ainsi, au lieu d’être immobilisée, elle circulerait.

Pour autant qu’il implique une immobilisation de monnaie, l’emploi des substituts de la monnaie n’a guère d’avantages que ceux que procure, d’une façon générale, l’emploi de la monnaie représentative : on évite cette perte qui résulte du frai, etc.

Pour autant, maintenant, qu’elle ne suppose point comme condition une immobilisation de monnaie, la circulation des substituts de la monnaie a des avantages beaucoup plus considérables. Ici l’emploi des substituts de la monnaie apparaît comme équivalant à une augmentation de la quantité de monnaie véritable qui circule. Les avantages et les inconvénients de ces substituts, dès lors, seront pareils — ou à peu près — à ceux qui résultent de l’émission des billets de banque. C’est ainsi qu’une nation qui développe chez elle la circulation des titres de crédit en relire un profit, parce que cela lui permet d’exporter une partie de sa monnaie métallique, et par là, sans s’appauvrir réellement, de se procurer un surplus de marchandises.

266. Dans quelle mesure cet emploi est susceptible de s’étendre. — Dans quelle mesure l’emploi des substituts de la monnaie est-il susceptible de se développer ? C’est une question que l’on s’est posée plus d’une fois. Ceux qui se la sont posée, au reste, ont eu en vue tantôt l’une, tantôt l’autre de deux fins que dans la pratique il est souvent impossible de séparer, mais qu’il y a lieu cependant de distinguer : parfois ils ont vu seulement dans l’emploi des substituts de la monnaie un moyen de rendre la monnaie — principalement la monnaie métallique — inutile ; et d’autres fois ils y ont vu un moyen d’accroître la quantité des instruments d’échange et de paiement.

Théoriquement, tous les titres de propriété, tous les titres de créance pourraient jouer le rôle d’instruments d’échange. Mais en fait tous ne sont pas également aptes à le jouer ; et pour un grand nombre d’entre eux on