Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/483

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Paris, ou ailleurs, des lettres de change tirées sur Londres ; noire débiteur n’aura qu’à se procurer une lettre de change sur Londres dont le montant soit égal à sa dette, et à l’expédier à Londres : son créancier se fera payer sur place, et la délie sera éteinte sans que rien d’autre ait été transporté que du papier.

On désigne sous le nom de change ces opérations par lesquelles ceux qui ont des paiements à effectuer à l’étranger se procurent du papier sur les places vis-à-vis desquelles ils sont débiteurs, et se mettent ainsi en mesure de se libérer sans avoir à envoyer de métal, monnayé ou non. Cet emploi du mol « change, » au reste, est un emploi dérivé. Le change, c’est tout d’abord l’opération par laquelle des monnaies sont cédées contre d’autres monnaies — du même pays ou d’un pays différent —. Mais quand on change des monnaies que l’on a contre d’autres monnaies, c’est que l’on a besoin de ces dernières pour de certains paiements : et c’est ce qui explique que le mot « change » ait pris la signification indiquée ci-dessus.

269. Le cours du change. — Il y a un cours ou un prix du change ; on dit souvent « le change » pour désigner ce cours — et c’est là une troisième acception du mot —. Supposons deux places, Paris et Londres, entre lesquelles il y a des relations commerciales suivies. Si, à un moment donné, les créances de Paris sur Londres et celles de Londres sur Paris sont rigoureusement égales, on demandera, à Londres d’une part, à Paris de l’autre, autant de papier sur Paris, ou sur Londres, qu’il y en aura de disponible, ou qu’il pourra en être tiré. Et ainsi le papier sur Paris à Londres, le papier sur Londres à Paris seront cédés pour cette même valeur qu’ils représentent. Mais imaginons que les créances de Paris sur Londres, par exemple, dépassent les créances de Londres sur Paris. Sur la place de Londres, le papier sur Paris est recherché par ceux qui ont des paiements à faire à Paris. Or il n’y a pas assez de ce papier pour satisfaire à la demande : il fera donc prime ; pour avoir une lettre de change sur Paris valant une certaine somme, on paiera une somme supérieure. À Paris, cependant, le papier sur Londres sera surabondant ; et on pourra l’avoir pour une valeur inférieure à sa valeur nominale.

Lorsque le change est au-dessous du pair, on dit qu’il est favorable ; lorsqu’il est au-dessus du pair, on dit qu’il est défavorable. Nous ne pourrons voir que plus loin si ces expressions, du point de vue des intérêts nationaux, sont justifiées ou non. Il nous faut, de toutes les façons, les accepter, puisqu’elles sont tout à fait entrées dans l’usage. Historiquement, elles ont leur origine dans l’idée, qui fut jadis classique, que les nations s’enrichissent ou s’appauvrissent selon que leur stock monétaire augmente ou diminue ; car le change dit favorable annonce une entrée de numéraire ou de lingots, le change dit défavorable une sortie ; et ces expressions se sont perpétuées parce que la banque, qui s’occupe particulièrement des