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en mesure de payer plus par unité s’il achète une quantité plus forte que s’il achète une quantité moindre.

3. Le monopole[1].

288. L’hypothèse la plus simple. — Le cas le plus simple qui puisse se présenter, en fait de monopole, est celui d’un individu possédant un objet unique, que plusieurs personnes désirent simultanément. Il est clair que dans un pareil cas le prix de l’objet en question s’établira dans cet intervalle qui sépare la plus élevée des estimations faites par les demandeurs de l’estimation qui vient tout de suite après, sans pouvoir descendre, bien entendu, au-dessous de l’estimation du possesseur de l’objet. Si la valeur d’usage de l’objet offert correspond, pour les demandeurs, à 800, 600, 400 francs, etc., le prix ne pourra pas être supérieur à 800 fr. ; mais il pourra descendre jusque tout près de 600 francs, à moins que sa valeur d’usage pour celui qui l’offre ne soit égale, par exemple, à 700 fr. : car alors il ne pourrait pas être vendu moins de 700 francs.

289. Les autres hypothèses : cas des prix multiples. — Passons maintenant au cas d’un monopoleur ayant à vendre un certain nombre d’objets indivisibles, ou une certaine quantité d’un bien divisible à l’infini.

Ce qu’il faut noter ici, tout d’abord, c’est que le monopoleur aura avantage à diversifier ses prix, s’il le petit. Supposons, pour plus de simplicité, que les biens qu’il offre soient tous pareils. Le monopoleur réalisera le maximum de bénéfice s’il réussit à faire payer à chacun des demandeurs tout ce qu’il est disposé à payer. Si le monopoleur, par exemple, a 5 unités à vendre, et que ceux des demandeurs qui peuvent donner le plus soient disposés à donner de ces unités, respectivement, 500, 400, 300, 250 et 220 francs, notre monopoleur tirera de ce qu’il possède tout ce qu’on en peut tirer s’il vend ses 5 unités aux 5 demandeurs en question pour ces mêmes sommes auxquelles ils les estiment.

La fixation, par le monopoleur, de prix multiples pour les biens qu’il vend n’est possible que lorsque de certaines conditions se trouvent remplies.

1o Il faut que les biens monopolisés ne puissent être demandés par ceux qui les désirent que directement : un libraire ne saurait s’aviser de faire payer des prix différents, pour les exemplaires d’un livre qu’il édite, selon le désir que les acheteurs peuvent avoir de ce livre ; car il est trop facile de faire acheter par un autre un livre dont on a envie.

  1. Sur le prix de monopole, voir Landry, L’utilité sociale de la propriété individuelle (Paris, Société nouvelle de librairie et d’édition, 1901), 1re partie, chap. 1, et Colson, Cours d’économie politique, liv. I, chap. 6, iv.