Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fira sans doute pas. Et quand même elle pourrait y suffire, l’emploi exclusif de ce mode de raisonnement rendrait à coup sûr la recherche beaucoup plus longue et beaucoup plus difficile qu’elle ne sera si l’on se sert de la déduction.

21. La déduction. — Qu’est-ce donc que la déduction, et quels services peut-elle rendre dans l’économique ?

La déduction est un mode de raisonnement qui consiste à tirer de propositions connues comme vraies, ou supposées vraies, des propositions nouvelles, sans avoir à s’appuyer sur aucun autre principe que sur ce principe qui interdit à l’esprit humain de se contredire.

La déduction a un rôle — et même plusieurs — à jouer dans toutes les sciences expérimentales. C’est elle par exemple qui nous indique, quand nous avons formé une hypothèse, quelles expériences doivent être instituées, quelles observations doivent pouvoir être faites pour que cette hypothèse puisse être vérifiée. Et la déduction est aussi par elle-même un instrument de découverte ; le rapprochement de lois élémentaires fait jaillir des conclusions, souvent, qui sont des lois nouvelles : que l’on pense à la mécanique, où toute une longue série de théorèmes se déduisent d’un tout petit nombre de vérités d’expérience primitivement posées ; que l’on pense encore à l’optique, et à telles autres parties de la physique.

La science économique se trouve être, de par la nature de son objet, au nombre de ces sciences expérimentales où l’emploi île la déduction est particulièrement fécond. Les faits économiques présentent toujours un aspect quantitatif ; ils résultent d’un jeu de fadeurs et de conditions sur lesquels la mesure peut être pratiquée. D’autre part, comme il a été dit déjà, les phénomènes économiques, s’ils sont extrêmement complexes à l’ordinaire, sont cependant produits par des phénomènes très simples. Ce système formidable qu’est l’économie d’une société exprime les actions et les réactions, les influences de toutes sortes et le conditionnement réciproque de faits en nombre infini, mais qui se ramènent à un petit nombre de types élémentaires : en combinant les vérités — psychologiques, techniques, juridiques — qui se rapportent à ces données générales, en opérant des déductions sur ces prémisses, l’économique ne peut pas manquer de s’étendre très loin.

En définitive, il n’y a guère de question économique où la déduction ne nous aide à pénétrer. Là même où l’induction, à elle seule, ne peut rien nous faire découvrir, la déduction nous fournit des lumières précieuses. Prenons pour exemple la question de l’intérêt. Les causes pour lesquelles on emprunte étant multiples, et aussi les conditions dans lesquelles on prèle, le fait de l’intérêt, d’autre part, étant manifestement une résultante de toutes ces particularités que l’on observe dans les innombrables prêts consentis sur le marché, et d’autres particularités encore, il est bien clair