Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/548

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valeur de la monnaie aurait varié beaucoup : la conclusion est manifeste ment fausse. Il est donc nécessaire d’affecter les prix des diverses marchandises de coefficients qui en indiqueront l’importance. Ces coefficients dépendront de la place que ces marchandises, respectivement, occupent dans l’ensemble des échanges, en d’autres termes, des sommes qui sont employées à les acheter. Une difficulté, toutefois, surgit ici : celle de savoir si l’on considérera l’importance des marchandises dans l’année de base, ou dans telle autre année, ou si l’on prendra une moyenne entre toutes les années qu’on veut comparer ; et là-dessus, on n’aperçoit guère de raison de se prononcer dans un sens plutôt que dans l’autre.

3° La moyenne que l’on doit faire des variations des prix, sera-ce une moyenne arithmétique ou une moyenne géométrique ? Soit deux marchandises : dans un intervalle donné, le prix de l’une est monté de 400 à 200, tandis que le prix de l’autre descendait de 100 à 50. Le nombre-indice du premier moment étant 100, celui du second moment — par rapport à nos deux marchandises — sera-t-il 125, soit , ou 100, qui est la moyenne proportionnelle de 200 et de 50 ? Les deux solutions ont leurs partisans. Il semble cependant que la moyenne arithmétique soit préférable. Ce qui marque en effet la variation de la valeur de la monnaie, par rap port à nos deux marchandises, c’est que ces deux marchandises réunies, après avoir coûté 200 sont arrivées à coûter 250. Et il en ira de même si l’on donne aux prix des marchandises des coefficients — dans ce qui précède, nous avons supposé qu’on ne leur en donnait pas — . Imaginons que les coefficients des prix de nos deux marchandises soient respectivement 2 et 10, la valeur de la monnaie aura varié comme de à , soit comme de 1.200 à 900.

Faut-il indiquer, maintenant, toutes les difficultés que l’on rencontrera — et dont certaines sont insurmontables, même dans la théorie si l’on prétend établir les nombres-indices d’une manière parfaitement exacte ? Si l’on ne considère pas ce qui peut s’appeler un marché dans le sens étroit du mot, c’est-à-dire un lieu, un cercle dans lequel à un moment donné il n’y a qu’un prix pour une même marchandise, mais une ville, un pays, on ne pourra pas faire abstraction de la diversité qui existera dans les prix, et l’on devra, pour chaque marchandise, prendre une moyenne entre les différents prix auxquels elle se vend, en tenant compte de l’importance relative des transactions qui se font ici et là. Mais que fera-t-on quand, voulant comparer deux époques, on trouvera dans l’une de ces époques des marchandises qui n’existaient pas dans l’autre ? Que fera-t-on, encore, pour ces marchandises dont les unités ne se présentent pas comme fongibles, mais ont chacune leur individualité ?

Sans aller chercher ces difficultés nouvelles, et en nous tenant à ce que